Le Montréalais Gérémi Adam est devenu l'un des rares, sinon le premier, «pirate des cinémas» à écoper d'une peine de prison au Canada.

La juge Suzanne Coupal lui a imposé une peine de deux mois et demi de prison cet après-midi au palais de justice de Montréal. D'après les recherches de la Couronne, ce serait une première au pays. L'homme de 28 ans s'est fait prendre la main dans le sac deux fois en 2006. Deux ans plus tard, il a récidivé. Durant ces années, Montréal avait la réputation d'être la capitale du piratage de films, a insisté la magistrat au moment de son jugement.

Adam s'infiltrait dans les salles de cinéma pour enregistrer le film à l'affiche et le rendait ensuite disponible sur l'internet. En 2006, le Montréalais avait été identifié aux États-Unis par le FBI comme un important pirate de films. Après une enquête menée par la Gendarmerie royale du Canada, deux chefs d'accusation ont été portés contre lui en vertu de la loi sur les droits d'auteur.

À l'époque, la loi n'avait pas encore été modifiée. Copier un film dans un cinéma à l'aide d'une caméra n'était pas un crime, mais sa distribution était interdite. Alors que cette cause était en cours, le Montréalais a récidivé en copiant le film Street King au cinéma Paramount de la rue Sainte-Catherine. Cette fois, la loi avait changé. Ce type de crime est maintenant passible d'une peine maximale de prison de six mois et d'une amende maximale de 25 000$.

Adam n'a plus le droit de fréquenter les salles de cinéma, a décidé la juge Coupal. Il a également écopé de 100 heures de travaux communautaires liés à son premier dossier. C'est sa dernière récidive qui lui vaut une peine d'emprisonnement.

Comme Adam est incarcéré depuis le 12 janvier, il ne lui reste que sept jours à purger. Il est détenu dans le cadre d'autres dossiers -une histoire de vol d'auto et un bris de condition.

La juge Coupal a pris en compte les antécédents judicaires du jeune homme, bien que ces derniers ne soient pas en semblable matière.

Gérémi Adam ne piratait pas des films pour devenir riche. C'était plutôt pour «l'aventure», le «défi». Cet autodidacte de l'informatique a eu une enfance difficile. Il n'a même pas terminé son secondaire. «Il a mangé des miettes à la table des millionnaires et ces derniers ont mis des millions pour essayer de le contrer», a illustré son avocat, Me Richard Brouillard.

La juge Coupal a retenu cette version. La magistrat a tout de même tenu à souligner que ce crime coûtait des millions aux cinémas et aux studios. Des représentants de cette industrie assistaient d'ailleurs à l'audience d'aujourd'hui.

«Depuis l'arrestation de M.Adam, il n'y aurait presque plus de plaintes de déposées à la GRC. On doit penser que ça a été dissuasif. C'est une bonne chose», a dit la vice-présidente communication marketing chez Alliance Vivafilm, Brigitte Melançon, à sa sortie de la salle d'audience.

La Couronne et la défense sont satisfaites de la sentence rendue. «C'est une sentence qui envoie un message très fort que toute personne qui sera tentée de faire la même chose que M. Adam en subira les conséquences», a indiqué pour sa part la représentante de la poursuite, Josée Bélanger.

Assis dans le box des accusés, l'homme de 28 ans n'a manifesté aucune émotion au moment du prononcé du verdict.