La mort de Yanick Charpentier devant les yeux horrifiés des enfants d'une école primaire de Saint-Eustache, le 12 novembre 2007, fera peut-être apparaître des défibrillateurs dans le paysage scolaire.

C'est vers cette recommandation qu'on se dirige après la première journée de l'enquête publique de la coroner Andrée Kronström, qui se poursuit demain et vendredi à Laval.Yanick, 12 ans, souffrait d'une malformation cardiaque congénitale. Il était en sixième année quand il s'est effondré dans la cour de l'école Horizon-Soleil pendant la récréation du matin. Il venait de se quereller avec une fille de 11 ans qui l'aurait frappé dans le dos et au thorax.

À la suite d'une enquête privée, un autre coroner a déjà conclu à une mort naturelle. L'enquête publique a été déclenchée pour répondre à une question: aurait-on pu sauver Yanick?

L'infirmière de l'école était au courant de son problème cardiaque. Une bonne partie des élèves et des professeurs aussi. Les secours sont arrivés rapidement. On a pratiqué des manoeuvres de réanimation cardio-pulmonaire... mais cela n'a pas suffi.

Toute la journée, le procureur de l'enquête, Me Christian Hacquin, a posé des questions à plusieurs témoins au sujet de leurs connaissances des techniques de réanimation et sur la manipulation d'un défibrillateur.

C'est qu'il existe maintenant des défibrillateurs automatisés. Ces appareils surveillent le rythme cardiaque et administrent une décharge électrique afin de le rétablir au besoin.

«Maintenant, plus besoin d'être médecin pour sauver des vies, affirme à ce sujet la Fondation des maladies du coeur. Les nouveaux défibrillateurs externes automatisés (DEA) permettent même aux personnes en dehors de la sphère médicale de rétablir le rythme cardiaque et de sauver des vies.»

La défibrillation augmente de jusqu'à 30% les chances de survie si on l'administre au cours des premières minutes. «Faciliter l'accès aux défibrillateurs peut permettre de sauver des milliers de vies», affirme la Fondation. Ces appareils sont en vente libre, même dans certaines grandes surfaces, et coûtent environ 1500$.

Et dans le cas du jeune Yanick Charpentier? Il faudra attendre le témoignage du Dr Joaquim Miro, chef de la cardiologie à l'hôpital Sainte-Justine et témoin expert désigné par la coroner Kronström.

Le Dr Miro a néanmoins déclaré hier aux journalistes que Yanick souffrait de cardiomyopathie hypertrophique. Cette malformation crée entre autres des problèmes d'arythmie qui peuvent être corrigés par la défibrillation. «Est-ce qu'on aurait pu le réanimer? La réponse est oui, parce que toute mort subite comporte une chance de réanimation», a-t-il dit.

«Il faut augmenter le pourcentage de la population qui connaît les bases de la réanimation cardio-pulmonaire et mettre de plus en plus de défibrillateurs automatisés dans les endroits publics, a-t-il ajouté. Là-dessus, on est un peu en retard au Québec par rapport à certains États américains et provinces canadiennes.»