Un simple permis de conduire, c'est tout ce dont on a besoin, selon la loi provinciale, pour conduire une niveleuse, une chenillette ou même une souffleuse, a souligné jeudi le coroner Luc Malouin, qui voit là «un trou» à combler dans la loi.

Le coroner enquête sur la mort de quatre personnes au cours des opérations de déneigement l'hiver dernier à Montréal.Il a en outre souligné que, contrairement aux camions, les autres équipements de déneigement ne sont pas considérés comme des véhicules lourds au sens de la loi. Leurs conducteurs ne sont donc pas soumis au règlement qui limite les heures de conduite.

Un seul accident a impliqué un véhicule autre qu'un camion, celui qui a coûté la vie à Rajaa Benkiran. La victime, étudiante à l'Université de Montréal, a été fauchée par une niveleuse dans la rue Jean-Brillant le 15 décembre 2008, le soir de son dernier examen.

Dans ce cas, le conducteur était titulaire d'un certificat de qualification de la Commission de la construction du Québec comme «opérateur de machinerie lourde». Les témoignages et les avis des policiers attribuent l'accident à l'imprudence de la jeune femme, qui aurait traversé juste devant la niveleuse, laquelle s'est mise en marche au même moment.

Selon l'expert Érick Abraham, ingénieur à l'École polytechnique, Mme Benkiran se serait retrouvée dans l'angle mort qui se situe directement à l'avant de la niveleuse. L'expert, mandaté par le coroner Malouin, recommande d'équiper les camions et tracteurs de déneigement de «rétroviseurs à grand angle» comme ceux dont sont munis les autobus scolaires.

Cette recommandation a été bien accueillie. «Chose certaine, dans le cas de la niveleuse et dans le cas de l'accident de la rue Sherbrooke, si on avait eu ça, les conducteurs auraient pu voir les piétons», a dit le coroner.

L'enquête reprendra d'ici au début du mois d'avril. Le coroner entendra un spécialiste de la fatigue au volant, un responsable de la santé et de la sécurité du syndicat des cols bleus de Montréal et les représentants des camionneurs.