Soucieuse des conflits internes qui sévissent au sein de la mafia montréalaise, la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) a décidé, à la dernière minute, de resserrer la surveillance du «consigliere» du clan sicilien, Paolo Renda.

Dans un document qui lui a été remis le 9 février, trois jours avant sa sortie obligatoire après qu'il eut purgé les deux tiers de sa peine, le mafioso de 70 ans a appris qu'il serait soumis à des conditions plus sévères. Il devra notamment se tenir loin des cafés italiens et des autres petits établissements de style européen, où «il est connu que les membres du crime organisé italien se réunissent», écrivent les commissaires.

 

Le vieux chef ne peut non plus posséder de cellulaire, de téléavertisseur, de BlackBerry ni aucun «autre appareil électronique pouvant être utilisé pour entretenir des contacts avec l'organisation criminelle à laquelle (il appartient) ou toute autre personne visée par l'interdiction de contact» qui lui est imposée, dit le rapport de la CNLC.

Ces conditions s'ajoutent aux deux autres qui lui avaient été dictées à la mi-janvier, soit de se tenir loin des trafiquants de drogue et des autres criminels, ainsi que de présenter un bilan financier mensuel à l'agent qui est chargé de le surveiller durant sa libération conditionnelle. «Un encadrement plus serré est préconisé pour assurer la sécurité du public», dit la CNLC, qui explique ces mesures additionnelles par l'assassinat de Nicolo Rizzuto, le 28 décembre dernier.

«À la suite de ces malheureux événements, le Service correctionnel du Canada (SCC) craint des représailles de la part du crime organisé italien», indique la CNLC. Nicolo Rizzuto était le filleul de Paolo Renda et le fils du chef de la mafia montréalaise, Vito Rizzuto, emprisonné aux États-Unis. Âgé de 40 ans, Nicolo Rizzuto faisait surtout dans le blanchiment d'argent et le prêt usuraire. Il commençait à prendre un peu plus de place dans le milieu interlope quand il a été abattu en pleine rue, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. Ce meurtre n'est pas résolu.

Comme c'est la règle pour la très grande majorité des détenus, la CNLC a été forcée de libérer Renda après qu'il eut purgé les deux tiers de la peine de deux ans qui lui a été infligée le 16 octobre 2008. Avant d'être condamné, il avait passé presque deux ans en détention préventive.