Il n'est pas encore question de révolte ou de grève de la faim, mais la centaine de Hells Angels inculpés dans le cadre de l'opération SharQc en ont assez de leurs conditions de vie à l'Établissement de détention Montréal (anciennement la prison de Bordeaux).

Dans une requête déposée en Cour supérieure, les motards se plaignent d'être deux dans des cellules normalement occupées par un seul détenu. À les croire, l'étroitesse des lieux est d'autant plus pénible à supporter qu'ils doivent y ranger l'imposante documentation qui accompagne les accusations de meurtres, de trafic de drogue et de gangstérisme qui pèsent contre eux.

Répartis dans trois secteurs distincts du vieil immeuble du boulevard Gouin, les motards dénoncent également «le peu de considération» des autorités de la prison quant à leur bien-être physique et mental. «Plusieurs avaient des problèmes de santé préexistants. Ils en ont fait part à l'administration de la prison, mais ils n'ont pas obtenu de réponses satisfaisantes», écrit leur avocate, Me Sylvie Bordelais, tout en promettant, le moment venu, d'en faire la démonstration devant le tribunal.

Autre sujet de préoccupation qui mine grandement le moral des membres des Hells Angels : les droits de visite. Depuis leur incarcération, le 15 avril, ils peuvent voir leurs proches quelques fois par semaine, mais derrière des vitres. Les visites dans un parloir avec femmes et enfants se limitent à deux par année. «Comment justifier une telle rupture du lien familial ? Comment expliquer que des enfants soient privés de l'accès à leur père ?» demande Me Bordelais.

Ces questions, selon elle, sont d'autant pertinentes que les détenues de la prison pour femmes de Joliette, par exemple, qu'elles aient été condamnées ou qu'elles soient en attente de procès, comme c'est le cas des Hells Angels, ont le droit de passer des week-ends avec leurs enfants sur une base régulière. «De nos jours, il est acquis que les deux parents s'occupent des enfants et que les pères n'ont pas à vivre de discrimination simplement sur la base de leur sexe», estime l'avocate des motards.

Avant de s'adresser à la Cour supérieure, les Hells Angels disent avoir fait part de leurs doléances au directeur de la prison de Bordeaux. Ils auraient même offert de nommer un «intermédiaire» en vue de trouver des solutions satisfaisantes pour tout le monde. À la lecture de la requête, il semble que la direction ait seulement consenti à installer des ordinateurs au sous-sol de la prison afin que les prévenus puissent consulter la preuve informatisée et, par le fait même, préparer leur défense. La requête sera réinscrite au rôle de la cour le 12 mars prochain.