Le juge Claude Millette, de la Cour du Québec, a fait preuve de clémence, hier, en condamnant le policier militaire Omar Riahi à trois ans de pénitencier pour son implication dans un vaste complot mafieux qui devait permettre de faire entrer d'importantes quantités de cocaïne à l'aéroport Montréal-Trudeau, avec l'aide d'une douanière qu'il avait corrompue.

Sans pour autant excuser la conduite de l'accusé, le juge est d'avis qu'il s'agit d'une erreur de parcours. «La motivation de ses gestes est difficilement explicable, surtout si l'on considère la rémunération ridicule qu'il a reçue en regard des risques courus», a-t-il dit en rendant sa décision.

 

Âgé de 33 ans, Riahi était membre des Forces armées canadiennes à Halifax quand il s'est acoquiné au narcotrafiquant Ray Kahno, un ami d'enfance. Ce dernier cherchait de nouveaux moyens pour faire entrer de la cocaïne à Montréal pour le compte de la mafia. C'est ainsi que, par la douanière Nancy Cedeno, Riahi a obtenu sept déclarations de douane préapprouvées qui auraient permis à des courriers du clan Kahno de passer la frontière sans encombre à l'aéroport Montréal-Trudeau. Riahi et Cedeno auraient touché un total de 7000$ pour leurs précieux services.

Le juge Millette se fonde sur le rapport de personnalité qu'on lui a remis pour souligner que Riahi est en bonne voie de réhabilitation et qu'il serait injuste de l'accabler davantage. Outre le fait qu'il a perdu son emploi dans l'armée, «l'accusé a vu sa vie s'écrouler complètement et a dû renoncer à tous les projets d'avenir qu'il caressait, notamment celui de devenir policier dans la vie civile», dit le juge.

Le procureur de la poursuite, Me Alexandre Dalmau, qui avait requis 10 ans de pénitencier «afin de bien faire réfléchir tous ceux qui voudraient faire comme Riahi et la douanière», n'écarte pas la possibilité d'interjeter appel de la décision du juge Millette. Il estime que la peine de trois ans ne reflète pas la gravité des agissements de Riahi, non seulement parce que celui-ci était militaire, mais aussi - et surtout - parce qu'il a corrompu une douanière.