Luc Parent, policier de la GRC qui compte plus de 20 ans d'expérience, a été acquitté récemment de trois accusations ayant trait à l'utilisation frauduleuse de l'ordinateur de la police. Les renseignements qu'il avait colligés avaient abouti dans les mains du crime organisé.

Le juge Jean-Pierre Bonin a cependant conclu que le policier, qui était affecté à l'escouade régionale mixte contre le crime organisé, n'avait pas d'intention criminelle. C'est à son insu que les renseignements se sont retrouvés dans des mains criminelles.

 

En trois occasions, entre le 27 septembre 2005 et le 20 janvier 2006, le policier Parent avait consulté le Centre d'information de la police canadienne (CIPC) pour obtenir des détails relatifs à des numéros de plaque d'immatriculation. M. Parent répondait ainsi à une demande de Ronald Charlebois, enquêteur privé qui lui donnait occasionnellement des renseignements susceptibles de faire avancer ses enquêtes. M. Charlebois n'était pas une source enregistrée de la police, et M. Parent n'avait pas le droit d'agir ainsi. Chaque fois, il a entré son numéro d'identification dans le système. Mais voilà, Ronald Charlebois, lui, a vendu les renseignements 300$ à un membre du crime organisé.

Écoute électronique

C'est en faisant de l'écoute électronique dans le cadre de l'opération policière Piranha que les policiers ont entendu un certain Jacques Guilbeault dire qu'il avait des relations à la GRC pour les numéros de plaque, ce qui a déclenché une autre enquête.

Interrogé à ce sujet, l'agent Parent a admis les faits dans une déclaration le 30 mai 2006. Il a expliqué qu'il ne savait pas que ces renseignements seraient remis au milieu criminel, a-t-il expliqué. Son avocat, Luc Carbonneau a fait ressortir que M. Parent n'avait reçu aucune rémunération pour ces renseignements; il cherchait plutôt à faire avancer des enquêtes. Le juge Bonin a acquitté le policier.

Luc Parent, 40 ans, est suspendu (avec solde selon nos sources, mais la GRC refuse de le confirmer au motif qu'il s'agit d'un renseignement confidentiel) depuis au moins sa mise en accusation, en 2007. Il est toujours suspendu malgré son acquittement, et sera maintenant soumis au processus disciplinaire, a-t-on indiqué à la GRC, hier. Il est strictement interdit de consulter le CIPC pour des motifs autres que le travail.

Enfin, en ce qui concerne Ronald Charlebois, coaccusé dans cette affaire, il a plaidé coupable à l'accusation d'avoir obtenu frauduleusement des services d'ordinateur. Il a écopé d'une amende de 600$, selon le procureur de la Couronne affecté au dossier, Benoît Lauzon.