À moins de changement, les 133 membres des Hells Angels et leurs associés arrêtés dans le cadre de l'opération SharQc seront jugés au cours de trois procès distincts. Deux de ces grands procès pourraient se tenir simultanément, l'automne prochain. Ils pourraient durer au moins 15 mois chacun. Il reste à savoir si les procès se dérouleront devant un juge seul ou un jury.

D'ici le 23 avril, moment où la cause retournera devant le tribunal, le ministère public s'est par ailleurs engagé à remettre à la défense ce qu'il appelle un «cahier de procès» dans lequel se retrouveront les accusations précises auxquelles ont à répondre chacun des accusés, ainsi que la preuve à leur encontre. Pour l'instant, les 133 accusés se retrouvent dans un seul et même acte d'accusation les impliquant dans une action commune d'avoir participé à des activités criminelles pour le compte des Hells Angels.

 

Tout en se plaignant de l'ampleur et de la complexité de la preuve, les avocats de la défense s'inquiétaient depuis le début que la poursuite amène dans le même box des membres des Hells Angels accusés de 22 meurtres et de simples comparses soupçonnés de trafic de drogue. Conséquence logique de cet amalgame: un gigantesque dossier quasi impossible à instruire et fort difficile à juger.

C'est pourquoi, à l'ouverture des assises criminelles, hier, devant le juge André Vincent, de la Cour supérieure, le ministère public a proposé de tenir trois procès séparés. L'un comprendrait les 71 membres des Hells Angels accusés dans des affaires de meurtres, un autre regroupant une trentaine d'accusés impliqués dans les complots de meurtres et, enfin, un troisième concernant le trafic de drogue.

La Couronne est par contre sans merci sur un point: tous ces crimes ont été commis dans le but de prendre le contrôle du trafic de drogue en éliminant les Rock Machine/Bandidos. Cette guerre, qui a duré sept ans, entre 1994 et 2002, a fait plus de 160 morts dans les deux camps.

Des 156 personnes visées par l'opération SharQc, il en reste toujours 22 en cavale, dont Normand Marvin «Casper» Ouimet. Un autre, Bruno Dumas, retraité du chapitre de Sherbrooke, est mort récemment. Son nom a été retiré de la liste des accusés, hier.