Kaluza, l'«être artificiel», retrouve sa liberté

Après 70 jours de détention, Leland Kaluza et Yoseph Yisrael ont retrouvé leur liberté, hier, et sont sortis du palais de justice de Montréal en marchant dans une unique paire de chaussures. Normal, puisqu'ils ne font qu'un.

En attendant qu'on rende une décision sur l'état mental de Kaluza, qui porte aussi le nom d'Urbn Logix quand il fait du hip-hop, le juge Martin Vauclair a accepté de le libérer. Kaluza a toujours respecté ses conditions de mise en liberté depuis qu'il a été accusé de possession d'arme et de marijuana, en août 2007.

 

Un autre juge de la Cour du Québec l'avait fait arrêter le 8 octobre dernier parce que Kaluza s'était présenté à son procès en disant qu'il s'appelait Yoseph Yisrael. Kaluza était son être artificiel créé par le gouvernement, et il ne pouvait être présent «parce qu'il n'a pas de corps», avait-il argué. Le juge avait ordonné une évaluation psychiatrique.

Hier, le Dr Jacques Talbot, psychiatre à l'Institut Philippe-Pinel, s'est présenté à la Cour pour rendre ses conclusions, mais l'audience a été remise pour la troisième fois. Kaluza, qui aimerait bien se représenter seul, n'était pas prêt. Il pourrait cependant être représenté par Me Gaétan Bourassa, mais ce n'est pas encore clair. On en saura plus le 29 mars.

 

Délire religieux?

Une chose est sûre cependant, c'est que les conclusions du Dr Talbot ne sont plus guère secrètes. Kaluza, avec l'aide de ses amis, les a mises en ligne sur le web. Selon le rapport du médecin, Kaluza serait inapte parce qu'il serait atteint de psychose et de délire religieux. Avec des médicaments, il pourrait redevenir apte, peut-être en six semaines, selon un rapport daté de la mi-octobre.

Kaluza, un verbomoteur qui s'exprime calmement et clairement, reste sur ses positions au sujet de son «être naturel et artificiel» et nie avoir un quelconque problème mental. C'est sa quête de spiritualité qui l'aurait amené à adopter le nom de Yoseph Yisrael, selon ses explications.

Ils sont quelques-uns parmi ses supporteurs à partager cette philosophie, si on peut l'appeler ainsi. À commencer par le rappeur et artiste Mon- k.e, qui, lui, dit se nommer David Yisrael. Avec d'autres, ils ont fondé O Ciel Embassy, un local de la rue Saint-Jacques Ouest où ils se retrouvent pour discuter, peindre, faire de la musique...

Kaluza, Monk.e et d'autres membres de leur groupe étaient pratiquement toujours présents au procès de Daniel Topey, un jeune rappeur de Notre-Dame-de-Grâce, vendeur de stupéfiants aussi, qui a été accusé de tentative de meurtre sur un policier. En fait, c'est Topey qui a reçu une balle dans la nuque, au terme d'une poursuite à pied, en plein jour, en avril 2007.

Au procès, le policier du SWAT a dit que Topey avait tiré le premier et qu'il n'avait pas eu le choix de riposter. Topey a été acquitté d'une accusation de tentative de meurtre, mais il a été déclaré coupable d'avoir déchargé son arme sur un policier. Il doit recevoir sa peine en janvier. Topey et Kaluza sont des amis d'enfance, selon Monk.e.

Un lien avec l'ex-Dre Lanctôt

Pour en revenir au discours de Kaluza, il s'apparente à celui de Ghislaine Lanctôt, radiée par le Collège des médecins, auteure du livre La mafia médicale et militante contre les vaccins. Arrêtée et accusée en 2007 de ne pas avoir fait ses déclarations fiscales pendant 13 ans, la sexagénaire s'est présentée au palais de justice de Granby pour dire que les accusations ne la concernaient aucunement puisque Ghislaine Lanctôt était un «être artificiel créé par le gouvernement», alors qu'elle est un être «naturel et souverain».

Soumise elle aussi à une évaluation psychiatrique, elle a été jugée apte à avoir son procès. Elle est restée détenue quelques mois, en raison de son entêtement. Elle a été jugée sans participer à son procès, a été déclarée coupable et condamnée cette année à une amende de 1000$. On lui a accordé 24 mois pour la payer.

Mme Lanctôt a mis en ligne tous les documents liés à son procès et a écrit un livre sur sa détention.