Le fondateur déchu de l'Association des Grands Frères du Saguenay, Camil Girard, de triste renommée, sera bien involontairement vedette d'une émission de télé française. Des reporters de France 2 l'auraient débusqué dans le cadre d'une enquête sur la cyberpédophilie, ce qui lui a valu d'être accusé à Montréal cette semaine.

Condamné à 10 ans de prison en 1996 pour agressions sexuelles sur cinq enfants, Girard a été libéré en 2005. Il s'est établi à Montréal et aurait renoué avec la pornographie infantile. Depuis le mois de septembre, il était dans la ligne de mire de reporters d'une équipe de télé française, qui communiquaient avec lui, évidemment sous une fausse identité.

Selon ce que La Presse a appris, Girard aurait même ouvert sa porte à un ou des membres de l'équipe sans le savoir, et il aurait été filmé à l'aide d'une caméra cachée. L'émission, qui est actuellement en montage, devrait être diffusée en janvier.

L'information au sujet de Girard a toutefois été transmise à la police en novembre.

Au terme de l'enquête, Girard a été arrêté mardi à l'aube chez lui, au 4975, rue Sainte-Catherine Est, où il occupait les fonctions de concierge. Il a comparu mardi après-midi en Cour du Québec, à Montréal, pour répondre à des accusations de possession et distribution de pornographie infantile. Lors de la perquisition chez lui, les policiers auraient saisi 500 000 fichiers de photos et 100 000 fichiers vidéo. L'enquête se poursuit.

Hier, Girard devait subir son enquête sous cautionnement, mais il a renoncé pour le moment, et la cause a été remise au 12 janvier. Si les accusations se révèlent fondées, il risque de se faire apposer une étiquette de délinquant à contrôler ou de délinquant dangereux.

Des cheveux blonds...

En 1996, Girard avait plaidé coupable à 13 des 14 accusations de nature sexuelle portées contre lui. Il agissait à titre de «grand frère» de ses cinq victimes, des garçons âgés de 8 à 13 ans. Les accusations visaient des gestes commis entre 1982, soit peu de temps après qu'il eut fondé la section chicoutimienne de l'Association des Grands Frères et Grandes Soeurs, et le moment de son arrestation, en mars 1996. Un de ses complices, Gilles Gagné, avait écopé de six ans de pénitencier.

En rendant sentence à l'époque, le juge Rosaire Larouche avait expliqué que Girard prenait le temps d'amadouer les jeunes, qu'il amenait insidieusement à banaliser la sexualité pour leur faire faire ce qu'il voulait. Le magistrat avait également lu des extraits de lettres que Girard avait adressées à des correspondants allemands au sujet des photos qu'il recherchait.

«J'aime de jeunes garçons aux cheveux blonds et je prends tout ce que je peux trouver. Je préfère les garçons de 8 à 12 ans. J'accepte de jeunes garçons de 5 à 12 ans avec des adolescents de 13 à 15 ans, ou de jeunes garçons de 5 à 12 ans avec des adultes de sexe masculin, ou des garçons de 5 à 12 ans avec des animaux. J'aime toutes les formes de perversité impliquant des jeunes garçons et des animaux.»

Dans une autre lettre, Girard écrivait qu'il aimait beaucoup faire des échanges avec d'autres photographes. «J'ai pu réaliser moi-même de magnifiques photos de garçons très beaux et photogéniques, que j'aimerais bien partager avec d'autres en pays étrangers.» Il est à noter qu'au moment de son arrestation, cette semaine, il lui était toujours interdit d'entrer en contact avec des jeunes de moins de 14 ans et de se trouver dans des endroits où il peut y avoir des jeunes de cet âge. Cette interdiction lui avait été imposée pour une période de 10 ans après sa sortie de prison.

Illustration(s) :

Camil Girard avait été condamné à 10 ans de prison en 1996, pour agressions sexuelles sur cinq enfants.