Même si son cadavre n'a jamais été retrouvé, il est absolument certain que le jeune David Nyagahene Mutunzi a été assassiné le soir du 24 novembre 2007 dans un appartement de Montréal-Nord. Le meurtrier est-il Marchath Marseilles, comme le soutient la Couronne, ou l'un des trois témoins oculaires, comme l'insinue la défense?

Ce sera maintenant au jury de décider. Les sept femmes et cinq hommes entreprendront leurs délibérations aujourd'hui, dès que le juge James Brunton aura fini de leur donner ses directives.

 

Hier, dans sa plaidoirie, le procureur de la Couronne, Jacques Dagenais, a admis que le mobile du meurtre est bien difficile à cerner, ce qui en fait pour ainsi dire un meurtre gratuit. Au pire, Marseilles trouvait que le jeune David était un «petit con» et il l'aurait tué «parce qu'il le voulait». Selon les trois témoins qui se trouvaient dans l'appartement de la rue Forest le soir fatidique, Marseilles a demandé à la victime de vider ses poches (pour lui voler son argent), puis il a lui a tout bonnement tiré une balle dans la tête, devant les trois témoins éberlués.

«Pour tuer, ça prend une raison. Mais parfois, la provocation est tellement mince qu'elle n'équivaut à rien», a plaidé le procureur. Au cours de sa plaidoirie, Me Dagenais s'est employé à faire ressortir les éléments de la preuve qui incriminent Marseilles. Outre les déclarations des trois témoins, que l'on ne peut nommer par ordre de la Cour, il y a aussi le fait qu'on a trouvé du sang de la victime sur les vêtements de l'accusé et dans le coffre de sa Cadillac. Un voisin a aussi vu revenir Marseilles dans l'appartement, plus tard dans la soirée, avec un individu qui n'a jamais été identifié. Les deux hommes auraient nettoyé les lieux et transporté le corps dans la Cadillac pour s'en débarrasser, selon la Couronne.

Contradictions et incohérences

Me Normand Boudrault, avocat de l'accusé, s'est pour sa part employé à relever les contradictions, les omissions, les variations et les incohérences dans les déclarations des trois principaux témoins. Selon lui, il y en a tellement que c'est comme une «autoroute de Los Angeles à six voies». Par exemple, Rachid (nom fictif), qui se présente comme le meilleur ami de la victime, n'a pas songé à appeler la police ni une ambulance après le coup de feu, a noté Me Boudrault. Il a aussi insinué que les deux autres témoins, qui sont frères, avaient des accointances avec le gang des Rouges et la Blood Mafia Family.