L'organisme de surveillance de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) estime que les quatre agents qui ont interpellé Robert Dziekanski n'ont pas été à la hauteur de la situation et que leur utilisation répétée d'un pistolet électrique a été «prématurée et inappropriée».

La Commission des plaintes du public contre la GRC a déposé mardi un rapport très critique sur les circonstances entourant la mort de M. Dziekanski, décédé en octobre 2007 après avoir été atteint de plusieurs décharges électriques. L'organisme a également porté un jugement défavorable sur la GRC pour la formation des policiers, jugée inadéquate, et la réticence du corps policier à prendre en considération ses recommandations.

La GRC a longtemps défendu les gestes de ces quatre policiers, qui n'ont pas été accusés ou fait l'objet de mesures disciplinaires formelles pour l'incident.

Les policiers avaient expliqué devant une commission d'enquête publique en Colombie-Britannique qu'ils avaient utilisé leur pistolet électrique parce qu'ils s'étaient sentis menacés par M. Dziekanski, qui était «armé» d'une agrafeuse.

Mais le président de la Commission des plaintes du public contre la GRC, Paul Kennedy, estime que le recours répété au pistolet électrique était peu judicieux et que les explications des policiers étaient peu convaincantes.

«L'utilisation du (pistolet électrique) contre M. Dziekanski était prématurée et inappropriée, a-t-il affirmé à des journalistes, à Vancouver.

«Les versions des faits fournies aux enquêteurs par les quatre agents de la GRC impliqués dans la mort de Robert Dziekanski (...) ne sont pas considérées comme crédibles par ma commission», a ajouté M. Kennedy.

Ces quatre policiers s'étaient rendus à l'aéroport de Vancouver après que M. Dziekanski, qui ne parlait pas l'anglais et était arrivé de la Pologne près de 10 heures auparavant, eut commencé à lancer des meubles dans la salle des arrivées internationales.

Après quelques secondes, l'un des policiers a projeté une décharge électrique sur l'immigrant polonais et a ensuite appuyé sur la détente à quatre reprises.

«Je suis arrivé à la conclusion que la conduite des policiers n'a pas été à la hauteur de ce qui est attendu de la part d'agents de la GRC», a affirmé M. Kennedy, qui quitte son poste de président de la commission à la fin du mois.

Le rapport de la Commission des plaintes du public contre la GRC fait valoir que les policiers n'avaient pratiquement rien fait pour désamorcer la situation, ou pour approcher M. Dziekanski d'une manière calme et appropriée.

Le rapport contient 16 recommandations essentiellement axées sur l'utilisation du pistolet électrique et sur les enquêtes et la formation de la GRC.

M. Kennedy y réitère des recommandations qu'il a déjà formulées, notamment que la GRC resserre ses critères d'utilisation du pistolet électrique et qu'elle mette sur pied un organisme indépendant pour enquêter dans les cas où des policiers sont impliqués dans des événements graves, comme ceux se soldant par un décès.

Selon Paul Kennedy, la formation des policiers doit également être en partie montrée du doigt.