Un démarreur à distance actionné malencontreusement par un client a fait perdre deux bouts de doigt au mécanicien Georges Paloukis. La Cour supérieure vient de décider que l'homme de 61 ans, propriétaire du garage Delphi, à Laval, recevra près d'un million de dollars en compensation (avec les intérêts). C'est la compagnie d'assurances Union Canadienne, assureur du client fautif, qui paiera la note.

Depuis cet accident, survenu en avril 2002, l'homme a perdu de la mobilité, de la force, de la sensibilité, de la préhension et beaucoup de joie de vivre, ont fait valoir les experts de M. Paloukis devant la juge Danielle Richer.

 

La majeure partie de la somme, soit presque 700 000$, est accordée pour la perte de revenus et de valeur du garage Delphi en raison de l'incapacité partielle de son propriétaire.

Même si M. Paloukis a continué d'exploiter son garage après l'accident, les affaires ont considérablement baissé parce qu'il ne peut plus accomplir les mêmes tâches qu'avant, a-t-il fait valoir au procès. Il a aussi soutenu qu'il ne pouvait se recycler, notamment parce qu'il ne maîtrise pas bien l'anglais et le français. Par ailleurs, il s'est dit triste, anxieux, et il se voit comme un homme fini. Sa femme, Carole Thibodeau, a aussi obtenu des dommages moraux, pour avoir vécu par ricochet les problèmes de son mari.

La preuve a convaincu la juge Richer, qui a accordé environ 60 000$ à M. Paloukis personnellement et 684 000$ pour sa perte de revenus, 30 000$ à sa femme et même 5000$ à leur fille d'âge mineur. La juge a noté que le couple avait éprouvé de graves difficultés financières en raison des frais engagés dans la poursuite judiciaire et elle a ordonné à la partie perdante de payer le tiers des sommes même si elle interjette appel.

Joint par La Presse, Me Nicolas Robichon, qui représentait la compagnie d'assurances Union Canadienne, a indiqué qu'un appel était possible. L'avocat de M. Paloukis, Me Serge Dubé, estime pour sa part que le jugement est bien construit. «La juge a conclu qu'il y avait eu faute lourde du client. Et puis, ces gens se sont quasiment ruinés pour intenter le recours», a-t-il dit.

L'accident était survenu alors que M. Paloukis examinait la courroie du ventilateur de la Mercedes 1986 du client, Theodore Nikiforos, qui s'était plaint d'un bruit. Au même moment, ce dernier a actionné son démarreur à distance, dans l'idée de faire aussi changer son huile à transmission. Fait à signaler, le client est revenu quelques jours après l'accident pour s'excuser et offrir 10 000$ de compensation à M. Paloukis. Ce dernier a refusé.