Le seul survivant de l'accident d'hélicoptère qui a tué 17 personnes dans l'océan Atlantique, en mars dernier, s'est enfui de l'habitacle par un hublot fracassé, s'est hissé à la surface de l'eau et a fredonné des chansons en attendant que l'on vienne à sa rescousse.

Lors des audiences publiques visant à apporter un éclairage sur la tragédie du 12 mars, Robert Decker a indiqué jeudi, à Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador, que les pilotes ont émis un avertissement aux passagers à l'effet qu'ils allaient  tenter de poser l'engin au sol.

Mais selon l'homme de 28 ans, le Sikorsky S-92A a suivi une trajectoire erratique avant de plonger dans l'Atlantique Nord.

Dans les instants qui ont suivi les mouvements erratiques de l'appareil, les pilotes ont lancé trois avertissements d'amerrissage d'urgence, selon M. Decker.

Le sinistré s'est alors accroché au siège situé devant lui et, en observant la scène par un hublot, a déduit que l'appareil allait s'abîmer en mer.

M. Decker n'a pas eu connaissance de l'impact, mais se souvient que l'hélicoptère a rapidement été submergé. Il a alors débouclé sa ceinture de sécurité, est sorti de l'appareil et une fois à la surface, il a enfilé un collier de flottaison afin de garder la tête au-dessus de l'eau.

Il lui a cependant été impossible de se rendre jusqu'à deux radeaux de sauvetage se trouvant non loin de l'hélicoptère.

Tout ce temps, M. Decker se parlait et chantait.

M. Decker a ensuite noté la présence dans le ciel d'un avion appartenant à Provincial Aerospace, la compagnie pour laquelle il travaillait. Il a réalisé qu'on lui apporterait secours lorsqu'il a vu l'avion voler à basse altitude, au-dessus de lui, et basculer ses ailes.

Il a par ailleurs confié à la commission d'enquête avoir subi de sérieuses blessures, notamment des fractures d'une vertèbre et du sternum et une dislocation d'une cheville. À certains moments, il a craint de demeurer paralysé pour le reste de ses jours, car il ne ressentait aucune sensation dans ses jambes.

M. Decker a également aspiré de l'eau salée, mais ne se souvient pas d'avoir eu à lutter pour retrouver son souffle.