Des détenus de différents pénitenciers du Québec demandent à la Cour fédérale d'invalider une directive du Service correctionnel du Canada, qui interdit complètement la cigarette dans les prisons et même à l'extérieur depuis juin 2008.

Me Julius Grey, qui pilote ce recours pour les détenus, dont le trafiquant de drogue Gerald Matticks, soutient que cette directive est discriminatoire. Il espère en convaincre la cour pendant les deux jours que durera le procès. L'interdiction de fumer à l'intérieur de la prison est entrée en vigueur en 2006. Mais, depuis juin 2008, il est interdit de fumer même à l'extérieur. Il n'y a évidemment plus de tabac en vente dans les prisons. Une contrebande tous azimuts a dès lors commencé.

 

Dans une lettre qu'elle a fait parvenir à La Presse, il y a quelques mois, Audrey Gagnon, détenue à la prison de Joliette, a signalé que les cigarettes étaient devenues un produit rare et extrêmement en demande. Au point où une blague de tabac de 50 grammes, qui se vend 13$ au dépanneur, peut coûter 250$ en prison. «Les cigarettes peuvent se détailler à 20$ l'unité, mais le prix le plus courant est trois pour 10$. Les femmes en viennent à se dépouiller de tous leurs biens, bijoux, vêtements, produits pour les soins d'hygiène...» écrivait-elle. Toutes sortes de moyens sont mis de l'avant par les détenues pour se procurer du tabac, comme en rapporter dans leurs cavités corporelles, en faire venir par des visiteurs, ou par des lancers par dessus la clôture.