Accusé d'avoir agressé sexuellement, menacé et violenté sa femme, un homme de 85 ans a passé huit jours en prison parce qu'il n'avait nulle part où aller ni personne au monde, hormis sa victime alléguée, avec qui il est marié depuis 58 ans.

Détenu, l'accusé, presque sourd, a comparu le 29 septembre au palais de justice de Montréal. Il n'a aucun antécédent judiciaire, mais il était évidemment hors de question qu'il retourne vivre avec sa femme en attendant la suite du processus judiciaire. Il est donc resté détenu en attendant qu'on lui trouve un endroit où aller. L'avocat du vieillard, Peter Morena, a dit au juge Robert Marchi, hier, qu'il avait cherché en vain une ressource pour accueillir son client. Des ressources, il y en a pour des gens qui ont des problèmes de consommation, mais ce n'est pas le cas de son client, a fait valoir l'avocat. Me Morena a dit avoir aussi cherché une nièce de l'accusé, apparemment seule parente qu'il lui resterait, mais ses coordonnées ne sont plus bonnes. Le couple vivait seul et n'a jamais eu d'enfant. L'accusé est le cadet de sa famille, et tous ses frères sont morts. Le juge Robert Marchi a finalement consenti à libérer l'octogénaire, hier, contre la promesse qu'il irait résider à l'Armée du Salut.

 

La victime alléguée ne pèse que 35kg. Elle sortait de l'hôpital et portait un sac abdominal à la suite d'une stomie lorsque son mari l'aurait contrainte, le 26 septembre dernier, à avoir une relation sexuelle avec lui. Une voisine qui arrivait chez le couple aurait d'ailleurs aperçu l'agression par la fenêtre. Cette voisine a par la suite avisé la femme qu'elle n'était pas obligée de se soumettre à son mari si elle n'était pas consentante. Celle-ci a confirmé qu'elle ne voulait plus de relations sexuelles.

Deux jours plus tard, l'accusé aurait de nouveau exigé une relation sexuelle et invectivé durement sa femme. Il aurait menacé de l'étouffer, lui disant qu'il allait prendre du gin et que le lendemain il serait heureux, car elle serait morte. Il ferait passer sa mort pour une crise d'asthme, disait-il. L'homme a effectivement bu du gin et se serait mis à secouer la victime, l'accusant de vouloir coucher avec tout le monde sauf avec lui. Il lui aurait inséré les doigts dans le vagin et lui aurait serré le cou. La femme a réussi à se libérer et a appelé le 911. L'accusé était nu lorsqu'il a ouvert aux policiers, avec qui il s'est montré agressif. Il doit revenir devant le tribunal le 14 octobre pour qu'on fixe la date de l'enquête préliminaire.