Le fils aîné de la famille Khadr a affirmé lundi, dans le cadre de sa comparution sur sa possible extradition, avoir menti à la Gendarmerie royale du Canada au cours d'un entretien tenu à son retour au pays, il y a quatre ans, parce qu'il craignait d'être renvoyé au Pakistan, où il avait été torturé.

Mais la Couronne a, pour sa part, soutenu qu'Abdullah Khadr avait dit la vérité lors de cet entretien et qu'il mentait présentement afin de minimiser son implication au sein d'al Quaïda.

Se tenant à la barre des témoins, et confronté aux déclarations qu'il a faites en 2005 au sergent Konrad Shourie, M. Khadr a insisté pour dire qu'il ne savait rien des relations entre son père et des dirigeants d'al Quaïda.

Il a également nié avoir acheté des armes à feu pour un homme connu pour fournir des armes à cette organisation terroriste.

«Je n'ai jamais fait de mal à quiconque dans ma vie, a déclaré Abdullah Khadr au procureur de la Couronne, Howard Piafsky. Pourquoi aiderais-je des personnes à acheter des armes?»

«Pour faire de l'argent», a répondu Me Piafsky.

«Il existe d'autres façons de faire de l'argent», a rétorqué Abdullah Khadr.

Natif de Toronto et âgé de 28 ans, M. Khadr, est voulu par les Etats-Unis, qui le soupçonnent d'avoir aidé le réseau al Qaïda à se procurer des armes et d'avoir comploté pour tuer des Américains au Pakistan et en Afghanistan.

Au Pakistan, Abdullah Khadr a passé 14 mois derrière les barreaux après son arrestation, survenue après que les Etats-Unis eurent offert 500 000 $ US pour lui mettre la main au collet.

Ses avocats tentent d'éviter son extradition vers les Etats-Unis en faisant valoir que les déclarations incriminantes effectuées par leur client aux autorités américaines et canadiennes n'avaient pas été obtenues légitimement.

L'aîné des Khadr affirme qu'à son retour du Pakistan à Toronto, en décembre 2005, il a été accueilli par des agents lourdement armés, conduit vers une installation douanière distincte, puis avisé que l'agent Shourie désirait lui parler.

Dans un enregistrement vidéo présenté lundi en cour, M. Shourie dit à Abdullah Khadr qu'il fait l'objet d'une enquête sur des crimes en lien avec le terrorisme, mais qu'il n'est pas en état d'arrestation, qu'il est libre de quitter et n'est pas tenu de répondre aux questions.

Cependant, M. Khadr a affirmé qu'il avait alors eu l'impression de ne pas avoir d'autre choix que de parler à M. Shourie, parce que personne ne savait qu'il était au Canada et qu'il craignait d'être renvoyé au Pakistan.

«Il y avait des armes à feu partout autour de moi, a-t-il argué en cour. Comment avoir le choix?»

Le frère cadet des Khadr, Omar, est toujours détenu par les Etats-Unis à la base de Guantanamo relativement à la mort d'un soldat américain en Afghanistan survenue en 2002.