Au début, le procès de l'ex-directeur de la police de Deux-Montagnes, Normand Mastromatteo, a porté sur la disparition d'un «sac à pain» contenant 1500$ et de fausses réquisitions entourant le paiement de billets de golf. Il y a ensuite eu la remise bidon de 11 000$ à un informateur de police. Se sont ajoutées, hier, deux gênantes factures de 300$ pour des travaux fictifs.

À en croire les 13 chefs d'accusation de fraude et d'abus de confiance déposés en Cour du Québec, la liste des infractions que l'ancien policier aurait commises durant son bref passage de trois ans à la tête du service de police est loin d'être achevée. Il est aussi poursuivi pour avoir «converti» à son usage personnel l'achat d'un téléviseur, d'une caméra numérique, d'un appareil GPS, d'une scie sauteuse et d'un ordinateur qu'il aurait offert à son ex-femme.

 

Les deux seuls témoins entendus hier - l'audience s'est brusquement terminée en matinée quand l'avocat de la défense, Claude Olivier, s'est plaint d'un vilain malaise au dos - ont raconté avoir été engagés sur le tas par M. Mastromatteo, au printemps 2003, pour faire le ménage d'un imposant garage servant de fourrière municipale, à Deux-Montagnes. «J'étais sans emploi, et il m'a offert le travail parce que je connaissais son fils», a relaté Mathieu Savoie.

Savoie a exécuté les travaux en deux semaines, avec l'aide d'un ami. Dans les jours suivants, le chef de police leur a remis un chèque totalisant 2600$. «On n'a jamais fait d'autres travaux», assurent Savoie et son collègue Serge Bouliane, qui a aussi témoigné. On imagine la surprise quand le procureur de la poursuite, Jacques Dagenais, a exhibé une facture au montant de 300$ que le chef de police a présentée à la Ville... un an plus tard. Le document portait la date du 2 avril 2004, avec la mention «nettoyage du garage et peinture: 20 heures à 15$ l'heure. Payé cash».

«J'ai jamais vu ça», a déclaré spontanément le jeune Savoie. Il a écarquillé les yeux encore davantage quand l'avocat lui a montré une seconde facture de 300$ sur laquelle apparaissaient son nom et ceux de deux autres personnes «pour des travaux de nettoyage suite à un dégât d'eau, au sous-sol du poste de police». Le papier portait la date du 8 mai 2004. «Je n'ai jamais travaillé dans le poste de police», s'est exclamé le témoin, au moment de quitter la barre.

À moins que l'avocat de l'accusé se dise toujours indisposé, le procès devrait se poursuivre aujourd'hui avec le contre-interrogatoire de l'ancien directeur général de la municipalité de Deux-Montagnes, Paul Allard. Dans le cas contraire, la prochaine audience pourrait avoir lieu le 13 octobre. Une bonne dizaine de témoins doivent encore comparaître devant le juge Jean Sirois.