«Tant qu'on ne l'a pas retrouvé mort, on peut espérer le retrouver vivant.»

Ces paroles dures sont celles de Caroline Lachance, la mère de David Fortin, rencontrée cet après-midi lors de sa énième visite à Montréal pour tenter de retracer son fils de 15 ans, porté disparu depuis le 10 février dernier.

Elle a cette fois fait la route à Montréal pour valider certaines informations récentes à l'effet que son fils soit toujours en vie et se trouverait dans la métropole.

Assise sur le muret d'une plate-bande du parc Émilie-Gamelin, Mme Lachance dit ne plus compter les allers-retours Alma-Montréal pour retrouver David. «Chaque fois qu'on revient bredouille de Montréal, on est en petits morceaux», confesse-t-elle. «Mais je ne lâcherai jamais mes enfants et je ne vais pas commencer aujourd'hui!», ajoute-t-elle avec aplomb.

La triste histoire de ces parents qui s'accrochent à l'espoir de revoir leur fils fait couler des litres d'encre depuis février dernier.

L'adolescent, âgé de 14 ans lorsqu'il s'est volatilisé, aurait été victime d'intimidation et de harcèlement depuis l'école primaire. Il pourrait avoir fugué pour mettre un terme à son calvaire, qui se poursuivait au niveau secondaire.

Mais difficile de savoir exactement ce qui s'est passé entre les deux oreilles de David Fortin avant sa disparition. Sa mère avait remarqué une perte d'appétit, de sommeil, sans plus. Suicide? Fugue? Pour Mme Lachance, ne pas savoir constitue une torture quotidienne. «S'il s'était enlevé la vie, on l'aurait retrouvé quelque part. S'il ne veut pas nous voir, je respecterai sa décision, mais j'aurai du mal à la comprendre. J'ai toujours été très proche de lui», raconte la mère de l'adolescent.

Elle prend très au sérieux de nouveaux renseignements concernant un homme âgé dans la quarantaine qui aurait pris David sous son aile au centre-ville. L'adolescent aurait d'ailleurs été aperçu dans le secteur du carré Viger. Selon Caroline Lachance, les policiers auraient même rencontré à deux reprises le mystérieux individu qui aurait pris David sous sa férule. «Quand il a vu la photo de David, il aurait affirmé être sûr que c'est lui. Pourquoi ne pas lui faire passer un détecteur de mensonges? Les policiers m'ont dit que ça ne fonctionnait pas comme ça, même s'ils ont qualifié de crédible le témoignage de cet homme», rapporte-t-elle.

Pour sa part, la Sûreté du Québec ne confirme pas mais ne nie pas non plus avoir rencontré et interrogé un individu à deux reprises dans ce dossier.

«Chaque information est validée et rien n'est écarté par les enquêteurs. On encourage les gens à communiquer avec nous s'ils ont de l'information», assure l'agent Gregory Gomez del Prado de la SQ.

Étant donné la quantité de fausses pistes qui ont transpiré de cette affaire depuis le début, pas surprenant que les policiers préfèrent opter pour la prudence avant de divulguer quoi que ce soit.

Et la récompense de 10 000$ offerte par l'organisme Jeunesse au Soleil pour retrouver le jeune homme, prolongée hier de 90 jours, n'aura sans doute pas pour effet de renverser la vapeur.

De son propre aveu, Caroline Lachance a du mal à se promener en ville sans se faire reconnaître. Si elle salue la solidarité des gens à son endroit, elle se bute aussi constamment à des gens qui croient avoir aperçu David. À notre passage, une femme lui racontait l'avoir vu il y a quelques jours dans le secteur du parc Émilie-Gamelin. Avant de repartir, elle a griffonné son numéro de téléphone sur un morceau de papier, avant de le tendre à Caroline Lachance.

Avant de repartir à Alma dimanche, Caroline Lachance aimerait évidemment mettre un terme à son cauchemar, à cette angoisse insupportable qui déchire aussi toute sa famille. «Tout ce que je veux, c'est qu'il nous lâche un coup de fil, je veux juste entendre sa voix, être certaine que c'est lui, le savoir vivant», laisse-t-elle tomber.