Raymond Lévesque a été condamné à 10 ans de prison, hier, pour avoir frappé mortellement une femme de 23 ans avec sa voiture, alors qu'il était ivre, le 8 mai 2007, à Pointe-aux-Trembles. Au moment de la tragédie, Lévesque avait déjà été condamné sept fois dans le passé pour conduite avec facultés affaiblies.

Cette huitième condamnation devrait en principe être la dernière, puisque la juge Hélène Morin a interdit à Lévesque de conduire pour le reste de ses jours. C'est d'ailleurs ce que ce dernier demandait, pour «ne plus faire de mal à personne».

La jeune femme a été percutée en tout début de soirée, par la voiture de Lévesque, au moment où elle s'apprêtait à monter du côté passager d'un véhicule stationné sur la rue de Montigny, à deux pas de la maison de ses parents. Elle a littéralement été écrasée entre les deux véhicules, sous le regard ahuri et impuissant de son ami de coeur, Michael Rabemanantsoa.

Lévesque, qui avait consommé de la bière, a poursuivi son chemin sans s'arrêter. Il s'est rendu chez lui, a stationné son véhicule accidenté en partie sur le trottoir, est rentré dans son logement et a continué de boire. C'est là que les policiers l'ont épinglé, environ une demi-heure plus tard. Son taux d'alcoolémie était d'environ deux fois la limite permise.

Même s'il s'en veut d'avoir causé la mort de la jeune femme, le récidiviste de 59 ans pense toujours qu'il était en état de conduire ce soir-là. Il pensait avoir frappé seulement un véhicule stationné. C'est du moins ce qu'il a confié à l'agente de probation qui a réalisé un rapport avant sentence à son sujet.

«Selon l'agente, M. Lévesque semble ne pas avoir développé les habiletés requises pour résoudre ses problèmes. Je crois qu'il n'a pas l'intellect requis pour pouvoir même développer ces habiletés», a dit la juge, hier, en rendant sentence. La juge ne croit d'ailleurs pas la version donnée par l'accusé, et pense que celui-ci s'est réfugié chez lui dans l'espoir d'échapper à ses responsabilités.

Lévesque a plaidé coupable en mars dernier, en cours de procès, à des accusations de conduite avec facultés affaiblies causant la mort, délit de fuite causant la mort et délit de fuite lors d'un accident matériel. Avant de frapper Mme Méthot, Lévesque avait percuté une autre voiture stationnée, cassant le rétroviseur.

Gravement blessée, souffrant notamment d'un traumatisme crânien, Karine Méthot est morte quatre jours après l'accident, quand son père a accepté qu'elle soit débranchée des appareils qui la maintenaient en vie. Signe que la collision a été extrêmement brutale, aucun de ses organes n'a pu être donné pour transplantation.

Hier, ses parents, Réjeanne et Serge Méthot, étaient fort émus en sortant de la salle d'audience. Ils se sont dits satisfaits de la sentence, vu la jurisprudence actuelle. «Mais ça ne nous rend pas notre fille. Et si c'était de moi, il serait en prison à vie», a lancé M. Méthot. Lui et son épouse auraient préféré que le temps préventif purgé par l'accusé ne soit pas comptabilisé en double comme c'est l'usage.

M. Méthot milite d'ailleurs en ce sens, en faisant circuler une pétition qui a récolté 23 000 noms jusqu'ici. En soustrayant la détention préventive qui compte en double, c'est en réalité une peine de 66 mois que Lévesque doit purger depuis hier.

Au moment des faits, Lévesque vivait de prestations de la CSST, ayant été déclaré inapte au travail après un accident.