L'écrasement d'un hélicoptère survenu mercredi matin à Mont-Laurier, dans les Laurentides, a coûté la vie à son pilote et au caméraman qu'il transportait.

Le pilote de l'appareil, Roger Bélanger, et le caméraman du réseau CTV Hugh Haugland survolaient les environs pour prendre des images des zones touchées par la puissante tornade qui avait causé la veille des dégâts évalués à plus d'un million de dollars.

Apparemment aux prises avec une panne de moteur vers 9h15, le pilote aurait tenté un atterrissage d'urgence à l'aéroport régional de Mont-Laurier. L'homme de 64 ans aurait accroché le hauban d'un poteau électrique. L'hélicoptère aurait été éventré, pour ensuite s'écraser au sol et s'embraser à moins de 1000 pieds de la piste d'atterrissage.

Mercredi, en fin de matinée, la carcasse calcinée de l'hélicoptère de Roger Bélanger gisait au fond d'un fossé, en bordure de la route 117.

Roger Bélanger, homme d'affaires bien connu dans cette municipalité de 13 000 habitants, était pourtant un pilote chevronné qui avait à son actif plus de 10 000 heures de vol.

Il avait lui-même offert ses services à une équipe de TVA dépêchée sur les lieux après le passage de la tornade. «Il nous a proposé de survoler les environs. C'est sa région et il semblait en être très fier», a indiqué le journaliste Mathieu Belhumeur.

Le caméraman qui accompagnait M. Belhumeur, Martin Leblanc, l'a pour sa part échappé belle. Il avait survolé la région avec Roger Bélanger tout juste avant le vol fatal, qui devait en fait être le sien. «On devait partir en deuxième, mais on est finalement parti avant. J'ai filmé le monsieur en vol, il était super beau, fier, il trippait. Je n'ai jamais imaginé passer si proche de la mort», a raconté le caméraman, encore secoué.

Sur les lieux de la tragédie, les collègues de Hugh Haugland avaient aussi le visage long, mercredi matin. M. Haugland était caméraman à CTV depuis 24 ans. Il était un employé «dévoué», selon le télédiffuseur, qui a confirmé sa mort par voie de communiqué en début d'après-midi.

Un pilier

En après-midi, plusieurs pilotes et proches de Roger Bélanger étaient réunis dans le salon de l'aéroport régional de Mont-Laurier, à environ 5 km du centre-ville.

Parmi eux se trouvaient Denis Soucy et René Meilleur, qui connaissaient le pilote depuis toujours. Il y avait aussi un des frères du disparu, Gilles Bélanger. «C'était comme sa deuxième maison, ici», raconte M. Soucy, qui décrit son ami comme un pilier et une référence en pilotage d'hélicoptère au Québec.

Photo tirée de Facebook

Le caméraman Hugh Haughland.

De sa maison située devant les lieux de l'accident, M. Soucy a entendu le vacarme causé par l'écrasement. «Je m'attendais à voir un camion, mais j'ai vu la queue de l'hélicoptère de Roger et les flammes qui montaient jusqu'en haut des sapins. On ne pouvait pas s'approcher», a-t-il raconté.

Les trois hommes se consolent néanmoins à l'idée que M. Bélanger a péri en pratiquant l'activité qui le passionnait le plus au monde. «L'aviation était son défoulement. Il ne perdait jamais son sang-froid», a résumé son frère Gilles.

À preuve, Roger Bélanger avait frôlé la catastrophe en 2007 lorsque son avion, qui transportait plusieurs passagers en provenance de Mont-Laurier, avait dû atterrir d'urgence à Rouyn-Noranda.

Roger Bélanger, qui avait une conjointe et deux enfants, devait s'envoler mercredi après-midi, à bord d'un avion qui lui appartenait, pour aller passer quelques jours à Québec. Ses amis avaient un pincement au coeur à la vue de son appareil sur le tarmac de l'aéroport.

Roger Bélanger était membre depuis des années de l'Association des aviateurs et pilotes de brousse du Québec. «Est-ce que l'hélicoptère aurait pu être endommagé par le mauvais temps de la veille ?» s'est interrogé son président, Gilles Lapierre, qui refusait toutefois de spéculer.

En fin de journée, mercredi, on ignorait toujours l'origine de la panne de moteur présumée. Des experts en collisions de la Sûreté du Québec mènent leur enquête.

Roger Bélanger était propriétaire depuis 1971 de l'atelier d'usinage de Mont-Laurier. À la seule évocation du nom de son patron, les yeux de Suzie Forget, employée de M. Bélanger depuis 25 ans, se sont remplis de larmes. «Tout le monde l'aimait. C'est quelqu'un qui aimait beaucoup la vie, jeune de coeur. Il rentrait toujours travailler en fredonnant», a-t-elle dit.

L'annonce de la mort de son patron a été un choc mercredi matin. «Le pire, a enchaîné Mme Forget, c'est que les gens remerciaient le bon Dieu que la tornade n'ait tué personne.»

- Avec Karim Benessaieh

Photo: Aviateurs et pilotes de brousse du Québec

Roger Bélanger