L'ancien juge à la tête d'une enquête publique sur l'utilisation d'armes à décharge électrique (Taser) a reconnu que ces controversés pistolets pouvaient tuer ou causer de sérieuses blessures, mais n'est pas allé jusqu'à suggérer leur abolition.

Immédiatement après que Thomas Braidwood eut présenté son rapport, jeudi, le solliciteur de la Colombie-Britannique, Kash Heed, a ordonné aux policiers, shérifs et agents de correction, incluant les agents de la GRC, «d'encadrer plus rigoureusement l'utilisation de ces armes».

M. Heed s'est dit confiant de voir chacune des organisations visées respecter la directive.

Toutefois, le porte-parole de la GRC de la Colombie-Britannique, le sergent Tim Shields, a répondu que son organisation allait d'abord prendre connaissance du rapport.

«Nous sommes au courant de la directive. Mais compte tenu du fait que nous avons pris possession du rapport il y a deux heures et demie à peine, et qu'il y a de lourdes implications pour une centaine de postes de la GRC en Colombie-Britannique, et même à travers le Canada, il est trop tôt pour répondre par un simple oui ou non», a déclaré le sergent Shields.

Lors d'une conférence de presse, le juge Braidwood a blâmé le gouvernement provincial d'avoir «renoncé» à sa responsabilité d'établir les critères d'utilisation des «Tasers».

«Je suis tout aussi inquiet de savoir qu'il n'existe aucune norme provinciale, ni nationale, en matière de sécurité des pistolets», a déclaré le magistrat dans son rapport sur l'usage du controversé pistolet parmi les forces policières municipales de la province.

«Les Tasers ont un caractère distinct, a enchaîné le juge Braidwood. Elles sont les seules ayant été mises au point pour causer d'intenses douleurs et paralyser un individu par le biais d'une décharge électrique.»

Le juge Braidwood a rappelé que l'utilisation de ces pistolets avait été entérinée avant la tenue de tests gouvernementaux indépendants sur leur sûreté, et avant d'avoir obtenu l'approbation de l'Association canadienne de normalisation.

Les forces policières ont plutôt tenu compte de l'évaluation du manufacturier qui a toujours affirmé que ses armes étaient sûres, a fait remarquer le juge.

«Par ailleurs, il n'existe aucune obligation d'effectuer des tests périodiques sur ces pistolets, et encore moins quand quelqu'un est blessé ou tué en raison de l'usage d'une telle arme», a également noté le magistrat.

Selon le juge, les policiers devraient utiliser un «Taser» seulement lorsqu'un individu cause des blessures ou lorsqu'un policier est convaincu, à partir de motifs raisonnables, que le comportement du suspect pourrait le pousser à causer des blessures.

Rappelant que 25 Canadiens sont morts après avoir été atteints de décharges électriques, le juge Braidwood n'a pas exigé la disparition de ces pistolets. En fait, il a affirmé qu'ils étaient plus efficaces que les armes à feu et noté que parmi certains corps policiers, des officiers sont parvenus à résoudre une impasse dans 80 pour cent des cas en brandissant seulement ce type de pistolet.

Taser International, la société américaine qui met au point, produit et distribue le pistolet, a toujours maintenu qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves démontrant que cette arme pouvait être mortelle.

En réaction au rapport, un porte-parole de Taser International, Steve Tuttle, a déclaré que le rapport du juge Braidwood était un exemple flagrant de la mainmise de la politique sur la science.

«Les recommandations du juge Braidwood ne reflètent pas la réalité de l'application de la loi telle qu'elle existe aujourd'hui», a affirmé M. Tuttle dans un courriel.