L'arme à feu de Celso Gentili, cet octogénaire accusé d'avoir tenté de tuer une infirmière auxiliaire, était dûment enregistrée et bien entreposée, puisque aucune accusation en ce sens n'a été portée contre lui, hier, au palais de justice de Montréal.

Or, depuis le drame, beaucoup de gens se demandent comment il se fait que l'homme de 84 ans pouvait garder une arme à feu dans une résidence pour personnes âgées. «C'est ce qui me surprend le plus. Ça me renverse, même», dit le président de l'Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec, Regis Paradis.

 

L'incident est survenu vers 14h30 mardi au complexe Les Jardins de l'Aubade, dans l'arrondissement de Saint-Léonard, à Montréal. Assis dans un fauteuil roulant motorisé, le vieillard aurait ouvert le feu sur l'employée à l'aide d'une arme de chasse.

La direction du complexe Les Jardins de l'Aubade a refusé d'accorder des entrevues, hier. Impossible de savoir quelle est la politique de l'établissement concernant les armes à feu. «Les propriétaires ne feront aucun commentaire», a indiqué le directeur, André Ouellet.

«Si l'arme est enregistrée et entreposée, ce n'est pas illégal d'en avoir une chez soi, peu importe la résidence», a expliqué pour sa part la porte-parole du SPVM, Anie Lemieux.

Ouvert en 2005, le complexe Les Jardins de l'Aubade est en attente d'une certification du ministère de la Santé et des Services sociaux à titre de résidence privée. Sur son site internet, l'établissement à but lucratif vante son «système de surveillance et de sécurité à la fine pointe» ainsi que son «personnel infirmier et de surveillance 24h/jour».

Chose certaine, un tel drame risque beaucoup moins de survenir dans un CHSLD public ou privé, selon Alain Leclerc, de l'Association québécoise d'établissements de soins de santé et de services sociaux. «Quand un patient entre dans un CHSLD, un inventaire de ses biens est fait. Si des objets sont dangereux pour lui ou pour les autres, ils ne sont pas permis», indique M. Leclerc.

Sept chefs d'accusation

M. Gentili, 84 ans, a été inculpé de sept chefs d'accusation, hier. En plus de la tentative de meurtre contre Mme Cardoso, il est également accusé de s'être livré à des voies de fait contre Giuliano Zanchettin, l'un des propriétaires de la résidence, qui lui aurait confisqué son arme. Les autres accusations sont liées à l'utilisation de l'arme à feu (possession d'une arme en vue de commettre une infraction, braquage d'une arme à feu, décharge d'une arme dans l'intention de mettre en danger la vie d'une personne). Mais rien concernant l'entreposage ou la possession d'une arme.

M. Gentili s'est présenté en cour sans son fauteuil roulant, vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon propre. Sa démarche était hésitante. Avant de retourner aux cellules, il s'est entretenu, tout sourire, avec son avocate, Me Sarah Desabrais. La Couronne s'est opposée à la remise en liberté de l'accusé, qui reviendra en cour vendredi pour l'enquête sur le cautionnement. D'ici là, la Couronne a demandé que l'accusé consulte le service d'urgence psychosociale.