Bien connu dans sa communauté d'Inukjuak, Tommy Palliser pleurait à chaudes larmes dans le box des accusés ce matin, pendant qu'on lui imposait ses conditions de remise en liberté, au palais de justice de Montréal.

L'inuit de 33 ans, au brillant parcours social et professionnel, se retrouve dans les filets de la justice à cause d'une affaire de car-surfing. Il est accusé de négligence criminelle et conduite dangereuse ayant causé des blessures, ainsi que délit de fuite. L'incident tragique s'est produit alors que Palliser, agent de développement d'affaire pour le gouvernement régional de Kativik, était en vacances à Montréal. Vers 3h30 dans la nuit de lundi, il conduisait le Jeep Commander d'un ami, Kevin Ducharme, à Dollard-Des-Ormeaux, pendant que ce dernier se prenait pour un acrobate sur le toit. Mais voilà, à l'intersection du boulevard Saint-Jean et de la rue Ernest, quand le feu est passé au vert et que le véhicule s'est remis à avancer, Ducharme, 38 ans, a perdu l'équilibre et est tombé lourdement sur le pavé. Le SUV a poursuivi sa route. Heureusement, les occupantes du véhicule qui suivait. ont appelé le 9-1-1 et le blessé a été secouru. Ducharme s'est cependant infligé de graves blessures, notamment un traumatisme crânien qui l'a laissé dans un état critique.

Comme on s'en doutait, l'alcool aurait joué un grand rôle dans ce petit jeu insensé. Ducharme était apparemment en état d'ébriété très avancé. Et comme il n'avait aucune pièce d'identité sur lui, les autorités ne savaient pas qui était le blessé. De son côté, si Palliser ne s'est pas arrêté, c'est qu'il ne serait même pas rendu compte que «l'acrobate» était tombé. En fait, ce n'est que le lendemain que Palliser et des proches auraient commencé à le chercher en appelant à différents endroits. Ils auraient d'ailleurs appelé le 9-1-1 et dans les hôpitaux.

À un certain moment, les policiers ont fait le lien et sont allés arrêter Palliser, qui était en visite chez des membres de sa famille. En fait, la victime (Ducharme), est le conjoint de la cousine de Palliser. Lors de sa comparution, mardi, la Couronne s'est objectée à la remis en liberté de Palliser, mais aujourd'hui, Me Roxanne Laporte se disait bien satisfaite des garanties. Le jeune homme, qui a passé deux jours en prison, a pu retrouver sa liberté moyenne un dépôt et engagement totalisant 1000 $. Il lui est interdit de consommer de l'alcool.

Son avocat, Me Gérald Lahaie, a indiqué que Palliser est très affligé par les événements. Les blessures de son ami sont très sérieuses, et lui-même va rentrer la tête basse à Inukjuak. Il doit s'envoler demain matin pour son village natal, avec sa conjointe et leurs deux enfants. Me Lahaie a signalé que Palliser a fait ses études collégiales et universitaires à Montréal, et qu'il est retourné dans son village natal par la suite pour travailler et aider sa communauté. Vu les distances, c'est son avocat qui le représentera pour la suite des procédures judiciaires. Palliser devra cependant être présent lors d'audiences véritables, comme l'enquête préliminaire ou le procès. En ce qui concerne l'état de santé de Ducharme, il se serait amélioré, selon Me Laporte. Il semble par ailleurs que ce n'est pas la première fois que Ducharme faisait du car-surfing, une pratique dangereuse qui a causé bien des décès aux États-Unis.