Après une accalmie de quelques jours, les policiers ont poursuivi aujourd'hui leur offensive contre le crime organisé, cette fois en démantelant un réseau d'envergure de fabrication et de distribution de drogues de synthèse - comme le speed ou l'ecstasy -, dont le rôle était d'approvisionner plusieurs organisations du milieu interlope, notamment les motards et la mafia.

Cette nouvelle opération policière, baptisée Producto, s'ajoute aux nombreux coups de filet menés depuis quelques mois contre le crime organisé, notamment les mafias italienne et autochtone, les motards et la pègre asiatique.

Quelque 300 policiers de Montréal, de la Sûreté du Québec, de la Gendarmerie royale du Canada, de Longueuil et de Blainville ont pris part à la rafle d'aujourd'hui, qui s'est étirée sur une bonne partie de la journée.

24 perquisitions étaient prévues et 22 suspects étaient dans la mire des policiers. Le Service de police de la ville de Montréal, qui pilotait l'opération, a aussi confirmé le démantèlement d'un laboratoire de fabrication de drogues de synthèse à Longueuil.

La drogue était écoulée principalement dans les rues de Montréal, par les différentes organisationnelles criminelles qui faisaient affaires avec ce fournisseur de drogue synthétique. «C'est l'interruption d'une route importante de drogues de synthèse», s'est réjouit l'inspecteur chef du service des enquêtes spécialisées au SPVM, Robert Chartrand.

Au-delà de 100 000 comprimés de speed ont, entre autres, été saisis, de même que les composantes servant à la fabrication de méthamphétamines, deux armes à feu et autour de 400 000 $ en argent liquide. Un comprimé de speed se vend autour de 20 $.

L'organisation visée s'adonnait également au trafic de cocaïne. Une trentaine de kilos de coke a d'ailleurs été découverte par les policiers. Un bilan final de l'opération est attendu en début de semaine prochaine.

L'opération d'aujourd'hui s'inscrit dans les efforts du SPVM pour freiner le marché florissant des drogues de synthèse, dont le Canada est devenu une plaque tournante. Dans son tout dernier rapport, le bureau des crimes et de la drogue de l'ONU rapporte en effet que le pays s'illustre depuis 2002 comme étant la principale source d'approvisionnement en ecstasy et autres drogues de synthèse en Amérique du Nord. Selon l'ONU, la hausse de la production canadienne de ces drogues s'explique par un durcissement de la lutte contre les trafiquants aux États-Unis et au Mexique.

Les suspects arrêtés comparaîtront aujourd'hui et demain par vidéoconférence. Au moment d'envoyer ces lignes, les deux tiers des perquisitions avaient été menées et les policiers avaient bon espoir de mettre la main au collet de tous les suspects ciblés. Les policiers se sont faits avares de commentaires sur leur identité, sinon pour affirmer que les prévenus représentent plusieurs organisations.

La plupart seront accusés de fabrication et de trafic de stupéfiants, de même que de complot.

Depuis Machine, une rafle d'envergure contre les Hells Angels et autres trafiquants qui hantaient le centre-ville qui s'est déroulé au début juin, plusieurs autres opérations policières se sont succédé contre des réseaux actifs à Montréal.

Il y a notamment eu le projet Norte, qui a mis un frein aux activités des K-Crew, un réseau de revendeurs de cocaïne associé aux gangs de rue très actif dans le centre-ville -notamment sur le boulevard Saint-Laurent- et qui écoulait sa marchandise dans les bars.

Le projet Engin ciblait plutôt la relève des Hells Angels, une cellule d'une douzaine de membres qui distribuait de la cocaïne au kilo pour le compte des motards. L'opération Summum visait de son côté une dizaine de trafiquants reliés à la mafia et qui vendait de la coke au kilo dans des bars du nord de Montréal.

Enfin l'opération Souterrain s'est soldée par l'arrestation d'une quinzaine de petits revendeurs postés aux abords des entrées de la station de métro Berri-UQAM et au parc Émilie-Gamelin.