Pour avoir égorgé son frère d'un unique coup de couteau, en octobre 2005, Najib Bellari a été déclaré coupable d'homicide involontaire, et a reçu une peine de 58 mois de prison, hier, au palais de justice de Montréal.

Cette peine s'additionne aux 43 mois de détention préventive que l'accusé a déjà purgés. En fait, Bellari, 38 ans, a été arrêté dans les minutes suivant le crime, dans le restaurant Basha où il travaillait en tant que plongeur. Il n'avait pas apprécié que son frère, El-Medhi, vienne au restaurant pour lui parler. «Moi je suis dans la cuisine, je fais mon travail, il me provoque, il me dérange, j'étais obligé, monsieur le juge», s'est justifié Bellari lors du procès.Le soir fatidique, juste après le crime, qui s'est produit subitement, en plein restaurant, il avait tenté de rassurer deux clientes attablées. «Ces choses-là arrivent», leur avait-il dit. Il avait aussi fait valoir à un collègue employé que de toute façon, son frère était un «croyant de Satan». Il voulait apparemment dire qu'il n'était pas un bon musulman comme lui. Quoi qu'il en soit, la preuve démontre que la victime ne constituait aucunement une menace pour l'accusé.

El-Medhi s'était approché de Najib doucement, car il voulait lui parler. Najib est sorti de ses gonds, s'est emparé d'un couteau de chef et a chargé son frère. Voyant cela, El-Medhi s'est mis à reculer, en jetant des chaises devant lui pour se protéger. Mais Najib l'a atteint d'un coup de couteau au cou, tranchant net des veines vitales. Alors que son sang giclait, El-Medhi a réussi à sortir à l'extérieur du restaurant, mais il s'est effondré sur le trottoir. Il a été déclaré mort à l'hôpital.

La santé mentale de l'accusé a fait l'objet d'un long débat. L'expert retenu par Me Josée Goulet soutenait que son client avait perdu contact avec la réalité au moment du crime. Celui retenu par la procureure de la Couronne, Éliane Perreault, soutenait quant à lui que l'accusé ne souffrait pas de maladie mentale, même s'il avait déjà vécu un épisode psychotique au Maroc, cinq ans plus tôt. Le juge s'est rangé aux conclusions de l'expert de la Couronne. Bellari était accusé de meurtre non prémédité. Le magistrat a toutefois estimé que la preuve démontrait plutôt un homicide involontaire, car Bellari voulait simplement que son frère parte.

Malgré tout, manifestement peu rassuré sur les sautes d'humeur de Bellari, le juge Marc David a demandé à ce qu'il soit évalué en prison, pour sa dangerosité. Il est à noter que le procès s'est déroulé, exceptionnellement, sans jury, devant juge seul, en Cour supérieure.