La police a continué son travail dans le centre-ville de Montréal en appréhendant, hier, une quinzaine de petits revendeurs qui vendaient de la drogue dans le parc Émilie-Gamelin et aux abords des entrées de la station de métro Berri-UQAM. Au moins 24 autres personnes, dont un mineur, sont recherchées en marge de cette opération d'infiltration menée au cours des sept derniers mois.

Au fil d'une cinquantaine de transactions, des agents doubles de la police ont acheté 58 roches de crack, 75 grammes de marijuana, un cinquième de gramme d'héroïne et de la drogue chimique. Montant de la facture: à peine 1650$. «Le but n'était pas de saisir de grandes quantités de stupéfiants, mais d'évincer de ces lieux publics les trafiquants à la solde d'organisations criminelles», a souligné le commandant du poste de quartier (PDQ) 21, Alain Simoneau.

Appelée «Souterrain», cette enquête fait suite à des plaintes de passants, de commerçants et d'employés de grandes firmes installées dans le secteur qui se disaient troublés de voir tous ces petits trafiquants et leurs clients occuper le parc Émilie-Gamelin et hanter quotidiennement les abords des bouches de métro. «Il est important que le public puisse profiter du parc, l'un des rares espaces verts au centre-ville», a dit le commandant Simoneau.

En vue de maintenir une certaine quiétude dans ce secteur animé de la métropole, les policiers seront omniprésents tout l'été, en voiture de patrouille, à pied, en vélo et même à cheval. Au besoin, l'escouade canine sera mise à contribution. On y ouvrira un kiosque d'information, de façon à inciter les gens à se promener dans le parc. Selon le commandant Simoneau, des commerçants songent y aménager des comptoirs de vente de fruits et légumes, par exemple. «Pour éloigner la délinquance, les citoyens doivent s'emparer du parc», a-t-il dit avec entrain.

L'opération d'hier est le prolongement de l'opération Machine menée il y a deux semaines, à l'encontre de deux «compagnies» des Hells Angels chargées d'approvisionner en crack et en cocaïne les trafiquants du secteur du boulevard Saint-Laurent. Parmi les 46 personnes arrêtées, il y avait le Hells Angel Daniel «Poutine» Leclerc, du chapitre Nomad de l'Ontario, et quelques petits boss de rue. Sans compter les autres drogues, le gang écoulait chaque semaine 1200 roches de crack.

Quant aux 39 revendeurs démasqués au cours de l'opération Souterrain, ils travaillaient pour la plupart en solitaire. Les autres étaient à la solde soit des Hells Angels, soit d'un gang de rue d'allégeance bleue, soit de deux fournisseurs indépendants. Un certain Eddy Milhomme, associé à la bande des Crips, a été arrêté au petit matin lors d'une perquisition à sa résidence de Montréal-Nord. Des descentes ont été effectuées à deux autres endroits à Montréal.

Selon le commandant Simoneau, cette enquête est le fruit d'une «culture de collaboration» entre la brigade des stupéfiants de la région sud et les policiers du centre-ville. Les enquêteurs ont profité de l'aide d'une petite équipe de choc du PDQ 21 pour mener à bien l'opération d'hier.

En fonction depuis quelques années déjà, les neuf policiers de cette équipe font des rondes à pied dans le secteur du boulevard Saint-Laurent. À la fois répressifs et préventifs, ils s'intéressent à toutes les formes de délinquance, des simples incivilités à l'errance en passant par les graffitis et le vandalisme.