Devant un juge visiblement exaspéré, l'homme d'affaires Guy Gagnon a obtenu sa 32e remise de sa cause, au palais de justice de Longueuil, hier. En décembre dernier, l'accusé s'est reconnu coupable de conduite avec facultés affaiblies causant des lésions. Or, il songe désormais à demander l'arrêt du processus judiciaire.

Cette histoire risque d'alimenter le cynisme populaire envers l'administration de la justice.

Quatre ans après avoir heurté un adolescent en scooter alors qu'il conduisait en état d'ébriété, M. Gagnon, 52 ans, s'est présenté sans être représenté par un avocat devant le juge Denys Noël, hier. À sa dernière comparution le mois dernier, le magistrat l'avait pourtant averti qu'il lui accordait «une dernière remise». L'accusé devait en théorie recevoir sa sentence, hier.

Or, depuis la dernière remise, son avocate, Me Alexandra Longueville, s'est retirée du dossier. Ce matin, M. Gagnon n'avait pas arrêté son choix sur le successeur de Me Longueville. Il s'est présenté en cour aux côtés de trois avocats - son ancienne avocate et deux nouveaux - sans toutefois donner un mandat à ni l'un ni l'autre.

«Ça fait 32 fois que ça revient au rôle. À un moment donné, il faut agir», a insisté le juge Noël. Me Longueville a défendu son ex-client en soulignant que plusieurs demandes de remise étaient imputables aux décisions de la Couronne dans le dossier. «La défense n'a jamais tenté d'obtenir des délais indus», a-t-elle plaidé.

Au cours du long processus judiciaire, une nouvelle procureure de la Couronne est entrée au dossier. Cette procureure, Ève Malouin, n'était pas d'accord avec la suggestion commune d'une peine à purger dans la communauté sur laquelle s'étaient entendues celle qui l'a précédée et la défense. Me Malouin privilégie plutôt une peine de prison.

Devant cette peine plus sévère qui lui pend au bout du nez, M. Gagnon a décidé de consulter d'autres avocats pour connaître ses recours. L'une de ses options serait de présenter une requête en arrêt du processus. Il peut aussi changer son plaidoyer de culpabilité. M. Gagnon reviendra en cour le 22 juillet.

Le 22 juin 2005, vers 23h30, M. Gagnon, au volant de sa Mercedes décapotable, a fauché le jeune Maxime Robert qui circulait en scooter, à Saint-Philippe, en Montérégie. Le conducteur l'a traîné sur une distance d'environ 75 mètres. Lorsque les premiers répondants sont arrivés, il avait quitté les lieux. Il est rentré chez lui à Saint-Philippe, où les policiers l'ont ensuite arrêté. Sa victime a subi un traumatisme crânien et a toujours des maux de dos.