Alors qu'elle travaillait comme infirmière, Lise Marier remplaçait des doses de Dilaudid par de l'eau, pour s'administrer la drogue à elle-même. L'ex-infirmière saura ce matin si elle ira en prison pour avoir causé de grandes souffrances à une patiente, ainsi privée de sa médication.

Les incidents sont survenus entre le 20 décembre 2006 et le 19 février 2007, au CHSLD juif de Montréal, où Mme Marier était employée. L'ex-infirmière de 55 ans a plaidé coupable à une accusation de négligence criminelle ayant causé des lésions à la patiente Mildred Roth Rosen. Atteinte d'une maladie neurologique qui lui causait de grandes souffrances, cette femme de 69 ans ne pouvait être soulagée que par le Dilaudid, un médicament plus puissant que la morphine.

 

Or, à partir de décembre 2006, ce médicament s'est mis curieusement à moins la soulager et, progressivement, Mme Rosen s'est même retrouvée en constantes souffrances. Elle qui affichait pourtant un bon moral, malgré la gravité de sa maladie, ne pouvait plus s'asseoir. Elle pleurait et criait de douleur, selon sa fille, Anna Roth. Le personnel infirmier se posait bien des questions. Mme Rosen était la seule dans le département à avoir cette médication, et les fioles se trouvaient sous clé dans une armoire. Ce n'est qu'au bout de deux mois que le pot aux roses a été découvert. C'est l'infirmière Lise Marier qui diluait le produit ou le remplaçait carrément par de l'eau.

«C'est la maladie de la dépendance qui m'a fait perdre la tête... Au commencement, c'était juste un peu. En dernier, j'ai perdu la tête. J'ai trop attendu pour demander de l'aide», a fait valoir Lise Marier, hier, devant la juge Isabelle Rheault. Mme Marier dit avoir «énormément de regrets» pour ce qu'elle a fait. Elle se dit aussi terrorisée par la prison, et voudrait purger sa peine dans la collectivité. «Je voudrais faire de quoi pour la communauté pour me racheter.»

Grave problème de toxicomanie

Mme Marier assure qu'elle est sobre, même si le rapport avant sentence préparé à son égard soutient le contraire. Elle mêlerait alcool et Tylenol. On y lit aussi qu'elle traîne un grave problème de toxicomanie, qu'elle est prête à faire n'importe quoi pour le satisfaire et qu'elle est manipulatrice et opportuniste, a fait valoir la procureure de la Couronne, Nathalie Fafard, hier, lors des plaidoiries sur la peine. Me Fafard pense qu'une peine de prison ferme de deux ans permettrait à Mme Marier de réfléchir.

L'accusée a évidemment perdu son emploi et elle n'est plus membre de l'Ordre des infirmières, un métier qu'elle trouvait de toute façon trop «stressant» pour elle. Il est à noter que, selon nos informations, Mme Marier a déjà été infirmière à la fin des années 70. Après une longue interruption, elle a recommencé à pratiquer en 2002, selon l'Ordre des infirmières du Québec.

La juge Isabelle Rheault rendra sa décision à 11h30 ce matin.