Le lourd dossier d'accusations lié aux 156 accusés de l'opération SharQc était de retour devant le juge Serge Boisvert, de la Cour du Québec, hier, en vue de régler certaines questions techniques avant le début de la saison estivale. Au moins 13 prévenus, dont Salvatore Cazzetta, ont fait une demande de mise en liberté provisoire. Prévue pour deux semaines, l'enquête se tiendra à compter de lundi au Centre de services judiciaires, en annexe de la prison de Bordeaux.

Étant donné le nombre de prévenus et l'ampleur de la cause, la procureure principale de la poursuite, Madeleine Giauque, a déjà indiqué, face à l'armée d'avocats de la défense, qu'il sera impossible de tenir un seul procès. Le dossier sera donc scindé et il y aura des procès distincts, comme ce fut le cas à la suite de l'opération Printemps 2001.

 

À en croire Me Giauque, il se pourrait, comme c'est généralement le cas dans ces causes de grande envergure, que le ministre de la Justice ordonne qu'un ou des groupes d'accusés soient directement inculpés sans passer par l'enquête préliminaire. En tel cas, le procès se déroule devant un jury de la Cour supérieure. Cette importante annonce sera faite «le plus rapidement possible» après le 10 septembre, date de la prochaine audience devant le tribunal.

Selon les règles de procédure, le ministère public pourrait avoir à statuer plus tôt, advenant que le Hells Angel South Guy Dubé, qui se défend seul, exige une enquête préliminaire. Le juge Boisvert lui a donné jusqu'au 15 juin pour prendre une décision. À l'instar des motards incarcérés à la prison de Bordeaux en 2001, Dubé s'est plaint de ne pas avoir accès suffisamment longtemps à la salle d'ordinateur afin d'étudier la preuve. «La preuve est volumineuse, et c'est extrêmement compliqué de trouver les éléments de preuve qui me concernent. On est plus de 150, et je peux consulter seulement trois heures et demie par mois. À ce rythme, je vais mourir en prison», a-t-il dit, avant de reprendre le chemin des cellules.

En dehors de la lecture nécessaire des noms des 156 Hells Angels québécois et de leurs principaux associés mis sous arrêt le 15 avril dernier - processus qui a duré presque toute la matinée, le juge a validé une requête interdisant la publication ou la diffusion de renseignements permettant d'identifier les six délateurs que le ministère public entend faire témoigner au cours de ce long feuilleton judiciaire qui se prépare. L'après-midi a été consacré à remettre des documents à la défense. La déclaration d'écoute électronique fait plus de 1500 pages.