L'escouade des crimes économiques de la Sûreté du Québec est retournée, lundi, aux bureaux de la FTQ-Construction, à la recherche de factures dans le cadre son enquête sur le blanchiment d'argent dans l'industrie de la construction.

«Il y a eu perquisition et des personnes ont été rencontrées», s'est limité à déclarer hier l'agent Louis-Philippe Ruel, porte-parole de la SQ, confirmant à La Presse cette intervention.

«Les policiers sont revenus, on est à la veille de leur louer une chambre!» a ironisé Philippe Mercure, président de la FTQ-Construction. Cette intervention policière est au moins la cinquième depuis le début mars, dans des instances de la FTQ ou du Fonds de solidarité. «Ils continuent à chercher, ils sont toujours à vérifier des factures» a dit M. Mercure.

Selon les informations réunies par La Presse, la police mène toujours son enquête sur le blanchiment d'argent par les gangs de motards par l'entremise de d'entreprises légitimes dans différents secteurs.

Selon Richard Goyette, qui a remplacé Jocelyn Dupuis comme directeur général de la FTQ-Construction, «la police n'enquête pas sur le syndicat, mais sur des entreprises de la construction. Plus de 87 entreprises ont été perquisitionnées», a affirmé le syndicaliste - un chiffre «lancé» en l'air et bien exagéré, a-t-on appris de source policière.

Lundi, la police cherchait des factures que n'avait pas en sa possession la FTQ-Construction. «Quand elle a débarqué au Fonds de solidarité, la police cherchait le dossier dont la demande d'aide avait été refusée par le Fonds», insiste M. Goyette. En fait, avait révélé La Presse, un entrepreneur montréalais s'était retrouvé avec des proches du monde interlope dans sa société après avoir demandé l'aide du Fonds de solidarité de la FTQ.

Par ailleurs, M. Goyette a indiqué que la FTQ-Construction ne déposerait aucune plainte dans le dossier des frais de représentation de son prédécesseur, Jocelyn Dupuis.

«Pour aller voir la police, cela nous prendrait des factures. Or elles ont été volées, elles se promènent dans les médias dans un sac de hockey», a précisé M. Goyette. Radio-Canada avait filmé des liasses de factures, des notes de frais énormes, sur six mois, de M. Dupuis, des documents détenus par Ken Pereira, le président d'un syndicat affilié à la FTQ-Construction.

Vidéos pour SharQC

Parmi la preuve réunie pour les accusations dans l'opération SharQC, qui a décapité les Hells Angels à la mi-avril, la police divulguera des vidéos où des dirigeants des motards disent ouvertement qu'ils doivent s'immiscer dans des entreprises légitimes pour blanchir les recettes de la vente de stupéfiants.

C'est Marvin Casper Ouimet, le patron des Hells de Trois-Rivières, toujours en cavale, qui avait à s'occuper du secteur de la construction.