La douanière Nancy Cedeno est tombée des nues en apprenant, le jour de son arrestation, que le clan Rizzuto avait fait entrer de la drogue à l'aéroport Montréal-Trudeau grâce à ses précieux services. «Faire partie d'un réseau de la mafia italienne? Il y a une personne que je connais (en parlant d'Omar Riahi)... Et il se peut que je sois en prison pour longtemps», a-t-elle déclaré aux policiers qui l'ont interrogée à l'issue de l'opération Colisée, le 22 novembre 2006.

Enregistrée sur vidéo, la déposition de la femme de 34 ans a été présentée, hier. Elle a son procès depuis la semaine dernière en compagnie de deux présumés courriers du gang, Jean-Marie Fritz Balmir, 39 ans, et Julie Châteauneuf-Fleury, 27 ans. À l'issue de l'audience, la Couronne a annoncé au juge Claude Millette que sa preuve était close.

 

Six mois auparavant, alors que l'enquête Colisée tirait à sa fin, Nancy Cedeno avait été interrogée lors d'une rencontre dite «stratégique» par les policiers. Dans cette première déclaration vidéo qui a duré près de deux heures, elle a reconnu avoir fourni à Omar Riahi, ancien collègue passé dans les rangs de la police militaire, à Halifax, des formulaires codifiés permettant de franchir sans problème les douanes à l'aéroport Montréal-Trudeau.

«Je ne suis pas une mauvaise personne, je suis tout simplement stupide», a-t-elle dit à quelques reprises avant de se mettre à table. À la suite de la découverte d'une carte de douane portant son estampille dans les valises d'une courrier arrêté à Haïti, les enquêteurs se sont dits en mesure de l'accuser dans un complot d'importation de neuf kilos de cocaïne mis au jour à l'automne 2005.

Elle soutient n'avoir touché aucune récompense à la suite de cette transaction qui a échoué. Une conversation enregistrée par la police voudrait que Riahi ait obtenu pour elle 1000$ des commanditaires de la transaction.

Dans cette déclaration qui a aussi été mise en preuve devant le tribunal, Cedeno raconte avoir été recrutée par Riahi alors qu'elle était au «bord d'une dépression», que tout allait mal dans sa vie, sur les plans conjugal et financier. «Il disait qu'il avait quelque chose pour m'aider. À force de me le faire demander, j'ai fini par dire oui. J'ai pris des cartes de déclaration et les ai étampées. Je ne savais pas pourquoi il allait les utiliser. Je ne suis pas conne, tout de même, je savais qu'il allait pas importer des bonbons avec ça», a-t-elle dit aux policiers. À l'en croire, elle n'a jamais su que Riahi, qui a plaidé coupable dès l'ouverture du procès, était à la solde de narcotrafiquants associés à la mafia.

«Je connais une personne, parmi tous ces gens-là, et c'est un ancien douanier en qui j'avais confiance. Je sais qu'il parlait à d'autre monde, ça c'est sûr», a-t-elle dit, pleurant à chaudes larmes en pensant qu'elle allait un jour être mise en accusation. C'est sans compter qu'elle s'attendait déjà à perdre son emploi de douanière. Au terme de l'audience hier, l'avocat qui la représente a indiqué qu'il allait probablement faire entendre aujourd'hui, en défense, le conjoint de Nancy Cedeno.