Après un peu plus de deux jours de délibérations, le jury a déclaré Daniel Bédard coupable de harcèlement criminel envers l'Ordre des ingénieurs, dimanche, au palais de justice de Montréal.

«J'aurais pu être acquitté si les jurés n'avaient pas été achetés. C'est clair qu'ils ont été achetés», a lancé Bédard, hier matin, lors des plaidoiries sur la peine que le juge Richard Mongeau devrait lui imposer.L'accusé, âgé de 50 ans, se défend seul. Il a profité de cette tribune pour se plaindre du «laxisme» des députés et de la «corruption et l'incompétence» des juges qui ont eu affaire à lui dans le passé, mais il n'a pas proposé de peine comme telle. Parce que «je m'en vais en appel et mes chances sont très très bonnes d'être acquitté», a-t-il lancé.

Le procureur de la Couronne, Pierre Labrie, propose pour sa part d'imposer une condamnation avec sursis à l'accusé, vu qu'il a été détenu de façon préventive pendant un peu plus de 13 mois. Me Labrie a également demandé une probation de trois ans afin d'encadrer le quinquagénaire, qui accumule les accusations en matière de harcèlement criminel. «Il en est rendu à son quatrième dossier», a fait valoir l'avocat du ministère public.

Dans le présent dossier, Bédard était frustré parce que l'Ordre avait rejeté sa plainte contre un ingénieur, après un long processus d'examen. De l'été 2007 à novembre 2007, persuadé d'avoir raison, ce spécialiste en dessin industriel s'est donc mis à téléphoner souvent et à envoyer des courriels. Il s'est aussi présenté en personne au moins une fois. Impressionnée par l'arrogance et l'agressivité de Bédard, la réceptionniste le craignait comme la peste, et elle avait même fait installer un bouton d'urgence dans son bureau.

Rappelons enfin que Bédard doit revenir devant le tribunal vendredi, pour répondre de quatre accusations d'outrage au tribunal qui lui ont été infligées au cours du présent procès. D'ailleurs, la semaine dernière, le juge l'a expulsé de la salle d'audience, et Bédard a dû participer au reste de son procès à partir d'une autre salle, par le truchement d'une télévision en circuit fermé. Quand il se mettait à déraper, le juge fermait le son.

Bédard recevra sa sentence dans son dossier de harcèlement jeudi.