La Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) est forcée de relâcher le chef des Syndicates, Dany Cadet Sprinces, même s'il a continué à diriger ses troupes en prison. Il est incarcéré depuis 2006 pour trafic de drogue et gangstérisme.

Dans les faits, Sprinces est toujours derrière les barreaux, car il fait l'objet en Cour du Québec de diverses accusations en marge de la récente opération Axe. Menée en parallèle au projet SharQc contre les Hells Angels, l'enquête Axe visait les Syndicates et leurs alliés des gangs de rue qui contrôlent le trafic de drogue dans le centre-ville de Montréal.

 

Étant donné le passé de Sprinces et surtout les circonstances de sa nouvelle arrestation en prison, le 12 février, il est quasi certain qu'il demeurera sous les verrous jusqu'à la fin du processus judiciaire entourant Axe. Il fait face à des accusations de complot, de gangstérisme, de possession de biens criminellement obtenus et d'avoir commandé à quelqu'un de commettre un crime.

Âgé de 38 ans, Sprinces a fait ses classes dans les gangs de rue avant de rallier la bande des Syndicates (pour syndicat du crime), créée en 1998 durant la guerre des motards pour exécuter les mauvais coups des Hells Angels. Il a pris la tête du clan peu après l'arrestation de son fondateur, Gregory Woolley, en avril 2000. Sprinces a été condamné à quatre ans de pénitencier en octobre 2006, à la suite d'une enquête visant encore une fois à contrer les activités illicites des Hells Angels. L'influent Mario Brouillette, du chapitre de Trois-Rivières, avait lui aussi été épinglé.

Malgré la nouvelle série d'accusations, Sprinces devait être libéré le mois prochain, comme l'indique une «feuille de décision» de la CNLC. En vertu des dispositions de la loi, la CNLC n'a pas le choix de libérer un prisonnier aux deux tiers de sa peine. «À moins qu'on ait de forts soupçons que le détenu commette un délit grave de violence, on ne peut continuer à l'incarcérer après cette période», a expliqué une porte-parole de la Commission, à Montréal.

Selon elle, les rares criminels qui échappent à cette règle - et qui doivent purger leur peine en entier - sont généralement les violeurs et les agresseurs sexuels. Par ailleurs, le seul recours de la CNLC est d'imposer des conditions spéciales aux libérés d'office. Souvent, comme on l'a fait avec Sprinces, les commissaires ordonnent de resserrer la surveillance des détenus qui profitent de ces «automatismes» tant décriés par les organismes de défense des victimes d'actes criminels.

Sur ordre de la CNLC, Sprinces aurait aussi dû se trouver un emploi ou poursuivre des études; s'il n'avait pas respecté l'une ou l'autre des conditions énoncées dans la décision rendue le 7 mai dernier, il aurait pu être ramené en taule et aurait dû purger le reste de sa peine. En réalité, tout cela n'est que pure conjecture puisqu'il est très peu probable, faut-il le répéter, que Sprinces soit libéré en attendant son prochain procès. À la place du pénitencier, il prendra le chemin d'un centre de détention provincial comme Bordeaux ou Rivière-des-Prairies.