Le meurtre et l'outrage au cadavre de Shane Jimrattie sont une aventure commune à laquelle ont participé Michel Côté et Nadège Merceus, a plaidé la procureure de la Couronne, Hélène Di Salvo, hier matin.

Selon Me Di Salvo, la preuve démontre hors de tout doute que les deux accusés ont tué le livreur de drogue de 21 ans à coups de marteau la nuit du 16 avril 2007, probablement dès son entrée dans l'appartement, le prenant ainsi au dépourvu.C'est ce qui explique que le jeune homme de 6'2 n'affichait aucune plaie de défense. Ils ont ensuite tenté de faire disparaître son corps après l'avoir découpé en morceaux. L'auteur du découpage est inévitablement Côté, un ancien boucher. Rappelant le témoignage de la pathologiste, Me Di Salvo a insisté sur le fait que le démembrement du corps, en quatre parties et sans abîmer les os, prouvait que la personne s'y connaissait en boucherie. «Il a été coupé comme un chevreuil... Tous les organes sont sortis d'un bloc, comme si on voulait vider un animal», a-t-elle dit.

Hypothèse rejetée

Me Di Salvo a écarté l'hypothèse que Côté ait uniquement participé au démembrement, pour sortir sa conjointe du pétrin dans lequel elle s'était mise, en tuant seule Jimrattie. «Pour découper un être humain, ça prend un amour assez fort, merci», a-t-elle lancé, en ajoutant qu'ils ne se connaissaient que depuis cinq mois. Selon Me Di Salvo, Nadège n'était qu'une «blondinette» pour Côté. D'ailleurs, lorsqu'il s'est fait arrêter en tant que «témoin de meurtre» le soir du 17 avril 2007, Côté s'est empressé de vendre Nadège Marceus aux policiers. «Je ne suis pas tout seul comme témoin là-dedans. Il y a ma conjointe, Nadège Merceus», avait dit Côté. Ce n'était pas un amour très fort, a suggéré Me Di Salvo, en faisant remarquer au jury qu'il n'avait pas dit «je n'ai rien fait, ou je n'ai pas tué».

Me Di Salvo ne croit pas non plus à la défense de Nadège, qui impute le meurtre à Côté exclusivement, affirmant qu'elle est restée pour l'aider à disposer du corps, par crainte d'y passer elle aussi. «Les larmes et la petite lèvre tremblante» de Mme Merceus lors de son témoignage, c'est de la comédie pour Me Di Salvo. «Elle a témoigné sans aucune émotion. Il y aurait plus d'émotion à réciter une liste pour aller chez IGA.»

La procureure pense que le couple était sur le point de réussir le crime parfait, quand il s'est fait surprendre, le soir du 17 avril 2007. Il était environ 21h30 quand deux policiers sont arrivés à l'endroit où le véhicule de Côté était garé, bloquant la ruelle, moteur en marche et porte du hayon ouverte. Les sacs contenant les parties de corps se trouvaient déjà dans le véhicule. Le couple s'apprêtait de toute évidence à aller se débarrasser du cadavre. Voyant les policiers, tous deux ont été forcés de changer leur plan. Côté a tenté de fuir par le toit, mais a fini par sauter sur un balcon et s'est fait arrêter. Merceus, de son côté, a réussi à sortir par la porte avant, en donnant de fausses informations à une policière qui faisait le guet.

En fait de mobile, Me Di Salvo a évoqué la possibilité du vol par les accusés en manque. La victime n'avait que 20 cents sur elle, à l'autopsie. Par ailleurs, pour Me Di Salvo, la bonne réputation de Côté s'arrête à Notre-Dame-de-la-Paix. Car une fois à Montréal, l'homme de 45 ans s'est mis à consommer beaucoup de crack avec Nadège Merceus. Il ne travaillait pratiquement plus pendant les trois semaines qui ont précédé le meurtre. «Il n'y a pas de victime parmi eux. Ils sont tous deux responsables du décès et de l'outrage au cadavre», a-t-elle conclu.

Le juge André Vincent a donné ses directives pendant tout l'après-midi. Le jury doit commencer à délibérer ce matin.