L'ex-boxeur Dave Hilton a été mis en liberté en attente de son procès pour une affaire de violence conjugale, hier, au palais de justice de Laval. L'homme de 45 ans a nié avoir coupé au cou sa conjointe, Joanna Colavecchio, avec un couteau à steak. Il a même confié «avoir peur d'elle maintenant».

«Elle n'est pas une boxeuse, mais elle m'a déjà lancé des choses et elle peut utiliser des armes», a témoigné l'accusé, hier. Hilton a émis deux hypothèses pour expliquer la coupure au cou bien visible de sa conjointe. Elle aurait pu être blessée par les griffes de leur chat au moment où elle lui coupait les griffes. Ou encore, elle aurait pu se blesser en frôlant un carreau brisé d'une vitre de l'appartement, a-t-il raconté à la juge Lise Gaboury. «Il n'y a pas eu de bagarre», a-t-il insisté. L'ex-boxeur a été arrêté dans la nuit de lundi à son appartement de Laval où il vit avec sa conjointe. Il a été accusé de voie de fait, menaces, agression armée et bris de condition (consommation d'alcool). Le 2 mai en soirée, après avoir bu une dizaine de verres de vin, Hilton aurait «insulté sans raison comme à l'habitude» sa conjointe, selon la plainte déposée à la police par cette dernière. Le procureur de la Couronne, Pierre-Luc Rolland, qui s'opposait à la mise en liberté de M. Hilton, a lu cette déposition à la Cour.

En guise de réplique, Mme Colavecchio aurait déchiré la chemise de son conjoint. «Il s'est fâché. Il a placé un couteau sous ma gorge. Je lui disais d'arrêter, qu'il allait me tuer», a-t-elle dit. Il lui a aussi infligé des coups qui lui ont laissé de nombreuses ecchymoses. La plaignante, qui souffre de trouble bipolaire et prend plusieurs médicaments, n'a pas porté plainte immédiatement. Deux jours plus tard, alors qu'un employé d'une compagnie de téléphone faisait des travaux dans l'appartement, Hilton aurait piqué une crise de jalousie. Il aurait traité sa conjointe de «pute» à plusieurs reprises et l'aurait poussée. Tard en soirée, elle a décidé d'appeler les parents de Dave pour qu'ils viennent le chercher. «Ses parents ne me rappelaient pas, alors j'ai appelé le 911», a-t-elle souligné dans sa plainte.

L'avocat de Hilton, Me Clemente Monterrosso, s'est servi de cette portion de témoignage pour prouver que la plaignante n'avait pas peur de son client - argument que la juge Lise Gaboury a retenu. «Le fait qu'elle ait appelé le 911 par défaut me trouble un tantinet», a souligné le magistrat. De son côté, la Couronne a plaidé sans succès que Dave Hilton représentait «un risque presque assuré de récidive».

La juge Lise Gaboury a imposé à l'accusé des conditions de mise en liberté strictes. Hilton devra résider chez ses parents à Châteauguay. Il vivra ainsi sous le même toit que son frère Alex, qui est revenu au bercail il y a cinq mois. Ce dernier a aussi eu de nombreux démêlés avec la justice dans le passé. Les deux parents ont témoigné en faveur de leur fils, hier, soulignant qu'ils désapprouvaient son union avec Mme Colavecchio, vu les problèmes de santé mentale de cette dernière. Ils ont versé une caution de 5000$. Leur fils devra respecter un couvre-feu de 20h à 7h et ne pas consommer d'alcool.

C'est la troisième fois en deux ans que sa conjointe porte plainte contre lui. Il a été acquitté une première fois au terme d'un procès en 2007. Et la seconde fois, en janvier dernier, Mme Colavecchio a retiré sa plainte. Cette fois-ci, la plaignante a assuré aux policiers qu'elle ne changerait pas d'idée. Elle a précisé qu'elle n'avait peur «d'aucun Hilton». Dave Hilton ne devra pas entrer en contact avec elle d'ici le procès prévu pour le 8 octobre. Il lui est même interdit de se trouver à Laval, sauf pour venir en Cour.

À sa sortie de la salle d'audience, où ses parents et son frère Alex l'attendaient, Dave a dit aux médias avoir tiré une leçon de cette histoire. «Au début, j'avais de la pitié pour elle, maintenant je comprends qu'elle est dangereuse. Je suis plus en sécurité avec mes parents et mon frère», a dit celui qui est convaincu d'être acquitté de nouveau. Hilton veut «se refaire une réputation» après avoir purgé une longue peine de prison pour avoir agressé sexuellement ses filles, alors mineures.