Francis Proulx, accusé de meurtre prémédité, a déclaré jeudi qu'il était conscient de poser un geste qui n'était pas correct lorsqu'il a tiré une balle dans la tête de l'attachée politique Nancy Michaud.

Au deuxième jour de son contre-interrogatoire par la Couronne, Proulx a affirmé qu'il avait gardé sa cagoule et était demeuré silencieux, tout au long de la période pendant laquelle il a été avec Mme Michaud, afin qu'elle ne le reconnaisse pas.Proulx, âgé de 29 ans, a affirmé devant le jury qu'après avoir tué Mme Michaud, qui habitait à quelques maisons de chez lui, il avait emmené son corps afin de faire croire à un enlèvement et ainsi éloigner les policiers.

«Ils ne sauraient pas qu'elle est morte, a-t-il dit. Ils croiraient qu'elle est seulement partie.»

Proulx, qui a répété à plusieurs reprises qu'il avait commis plusieurs délits sans réfléchir à la notion de bien et de mal, a admis à la procureure Annie Landreville qu'il était conscient de la nature du geste qu'il venait de poser.

«Vous saviez que ce n'était pas correct?», a-t-elle demandé, ce à quoi l'accusé à répondu par l'affirmative.

La semaine dernière, l'avocat de la défense, Jean Desjardins, a expliqué aux jurés que son client était incapable de mesurer la portée de ses gestes à cause de maladies mentales héréditaires et d'un médicament contre l'anxiété qu'il utilise.

Proulx a expliqué une nouvelle fois, jeudi, comment il s'est introduit tout de noir vêtu et cagoulé chez la victime, en mai dernier, pour l'attacher et lui voler ses cartes bancaires.

Malgré le fait qu'il dit avoir hésité pendant 10 minutes avant de tuer l'attachée politique du ministre des Ressources naturelles Claude Béchard, Proulx a maintenu qu'il n'avait ressenti aucun sentiment durant cette période et ne cherchait qu'une façon de lui retirer les menottes avec lesquelles il l'avait attachée à une étagère.

«Je n'étais pas en panique générale», a-t-il dit, avant d'admettre qu'il avait décidé d'utiliser son arme pour récupérer ses menottes.

Proulx a nié avoir eu l'intention d'agresser sexuellement sa victime pendant qu'elle était encore en vie, malgré le fait qu'avant le meurtre, il avait regardé chez lui une vidéo pornographique dont le scénario comportait un homme cagoulé entrant chez une femme pour l'attacher puis l'agresser.

«Ce n'était pas un but sexuel», a-t-il dit.

Nancy Michaud, âgée de 37 ans, a été retrouvée morte dans une maison abandonnée de Rivière-Ouelle, une municipalité de 1200 habitants, dans le Bas-Saint-Laurent, où Proulx et elle résidaient. Son corps portait des signes d'agression sexuelle.

Après avoir été arrêté quelques jours plus tard, l'accusé a rapidement reconnu les faits mais il a plaidé non coupable aux accusations de meurtre prémédité.

Jeudi, Proulx a affirmé à la cour que la victime n'avait pas crié pendant qu'il était avec elle, contrairement à ce qu'il avait dit aux policiers qui l'ont arrêté.

«Je n'étais pas capable d'expliquer pourquoi ça s'est passé, c'est pour ça que j'ai donné d'autres versions», a-t-il dit.

Le témoignage de l'accusé se poursuit jeudi après-midi au palais de justice de Québec devant le juge Jacques Lévesque.