Intercepté après avoir sauté du toit de son immeuble à un balcon, Michel Côté n'a montré aucune agitation quand un policier l'a informé qu'on avait découvert un cadavre en morceaux dans sa camionnette. «Je voulais en fumer une avant de venir vous voir», a alors rétorqué Michel Côté.

C'est, entre autres, ce que le policier Mario Trudel a raconté, hier, alors qu'il témoignait au procès de Michel Côté et Nadège Merceus. Le couple est accusé du meurtre de Shane Jimrattie et d'outrage à son cadavre. L'homme, qui n'avait que 21 ans, a été tué à coups de marteau. Son corps dépecé et ses effets personnels ont été découverts dans quatre sacs poubelles, vers 21h55, le soir du 17 avril 2007, dans la Ford Explorer de Côté. Coïncidence extraordinaire, c'est le frère de la victime, Éric Jimrattie, qui avait appelé le 911 quelques minutes avant, en voyant un homme charger des sacs-poubelles dans son véhicule, dans la ruelle donnant à l'arrière du 1820, boulevard Rosemont, à Montréal. M. Jimrattie cherchait alors son frère, disparu depuis la veille, dans le quartier.

 

C'est l'agent Trudel, accompagné de son partenaire, qui a répondu à l'appel. Arrivés sur place, ils ont constaté que le Ford Explorer, phares allumés, moteur en marche et portes déverrouillées, bloquait complètement la ruelle. Les policiers ont actionné les gyrophares et émis un bref coup de sirène pour signaler leur présence. Comme il ne se passait rien, ils ont vérifié le numéro de la plaque, découvert que le véhicule était enregistré au nom de Michel Côté, et préparé des constats d'infraction. Voyant que le conducteur ne revenait pas, ils ont décidé de faire remorquer le véhicule. Mais avant, il fallait vérifier ce qu'il y avait à l'intérieur pour en faire l'inventaire.

Pendant que son collègue éclairait avec une lampe de poche, le policier Trudel a ouvert la valise et tâté les sacs. La forme ne lui disait rien. Il a alors ouvert un premier sac, et constaté qu'il y avait différents objets, dont une «tête de moppe, un manche (de marteau) et un carton avec du sang».

Odeur de cadavre

En ouvrant le deuxième sac, une forte odeur de cadavre lui est montée au nez. Puis il a vu «l'intérieur d'un bassin, et le boxer» que portait le cadavre. Il est resté un moment stupéfait, car «mon cerveau n'était pas capable de faire le lien avec ce que j'avais vu», a-t-il expliqué, hier. Son collègue, lui, a eu une «réaction de fuite», a ajouté M. Trudel.

«Je lui ai dit de revenir, puis j'ai ouvert un troisième sac. À l'intérieur, il y avait un autre sac, couvert de sang.» Les deux policiers ont alors appelé du renfort. Rapidement, leurs collègues sont arrivés et un périmètre a été établi. Peu de temps après, le policier Trudel est allé voir dans la ruelle avec son partenaire, car un homme avait été vu sautant du toit à un balcon. Il s'agissait de Côté, qu'ils ont arrêté. «Il y a un autre témoin avec moi là-dedans, Nadège, ma conjointe, elle est dans la shoppe», a dit Côté, aux policiers. Côté a été placé à l'arrière du véhicule de patrouille. Une forte odeur émanait de lui, se souvient l'agent Trudel. C'était la même que celle des sacs, une odeur de cadavre.

Fait particulier, tous les policiers qui ont eu affaire à Côté ce soir-là, affirment qu'il était très calme, ne semblait nullement intoxiqué et répondait bien aux questions. La coaccusée, Nadège Merceus, est aussi apparue très calme quand elle s'est identifiée à une policière et a réussi à sortir de l'immeuble ce soir-là.

Le procès devant jury se poursuit ce matin.