Un couple sur le point de se séparer a connu une fin tragique, ces derniers jours, dans le secteur Cartierville, à Montréal. Quatre jours après la mort suspecte de sa femme, un homme s'est suicidé, mardi. Les policiers le considéraient comme le principal suspect.

Tout a commencé vendredi matin, dans un logement jumelé de la rue de Salaberry, à l'angle du boulevard de l'Acadie. Peu après 6h, Alirio Lopez Herreno, 37 ans, a composé le 9-1-1, affirmant que sa femme venait de tomber dans les escaliers et qu'elle semblait morte.

 

Arrivés sur place, les policiers ont effectivement découvert le corps inerte de Lamiaa Bouchekkif, 30 ans. Après avoir interrogé des proches et recueilli des éléments à l'intérieur du domicile, les enquêteurs ont estimé que la mort de la Mme Bouchekkif était suspecte.

Leurs doutes se sont confirmés après l'autopsie: la victime portait des marques de violence qui ne pouvaient avoir été causées par une chute. «L'autopsie a révélé qu'elle était morte en raison d'une force physique», a précisé Lynne Labelle, porte-parole de la police de Montréal.

Considérant M. Lopez Herreno comme le principal suspect, les enquêteurs devaient l'arrêter hier matin. Leur plan ne s'est jamais concrétisé: l'homme s'était pendu la veille dans son domicile. C'est son frère qui l'a découvert en soirée, selon les voisins interrogés hier par La Presse. Il aurait laissé une lettre écrite en espagnol pour expliquer son geste, mais sa famille en ignore toujours le contenu.

La police de Montréal a donc clos le dossier du 6e homicide à survenir sur son territoire cette année.

Séparation

Alirio Lopez Herreno et Lamiaa Bouchekkif étaient mariés depuis 2006 et avaient ensemble une fillette de 18 mois. Mais dernièrement, le couple vivait des moments difficiles, selon Radouane Azzam, un ami de longue date de Mme Bouchekkif.

En décembre, M. Herreno avait perdu son emploi de mécanicien à l'entreprise Enveloppe Montréal. Depuis, il prenait des médicaments pour soigner une dépression. Lamiaa Bouchekkif, technicienne en validation à la compagnie pharmaceutique Groupe Parima, était en arrêt de travail pour soigner une scoliose.

Elle avait annoncé à son mari il y a quelques semaines qu'elle préférait divorcer. «Mais la séparation se faisait à l'amiable, a assuré Radouane Azzam, la gorge serrée par l'émotion. Il semblait accepter la situation.» C'est Lamiaa Bouchekkif qui devait avoir la garde de l'enfant.

Le domicile du couple venait tout juste d'être vendu. «Ils devaient déménager le 18 avril, et passer chez le notaire le 30», a dit M. Azzam, qui a peine à croire les événements des derniers jours.

«À ma connaissance, il n'avait jamais été violent avec elle. Ils ne se chicanaient jamais», a poursuivi M. Azzam. Ce dernier a parlé à Alirio Lopez Herreno à plusieurs reprises après la mort de Lamiaa Bouchekkif. Il lui avait livré la même version qu'aux policiers, soit une chute dans l'escalier.

Radouane Azzam est venu aider Alirio Lopez Herreno à déménager, le week-end dernier. «Et mardi, il m'a appelé pour me dire qu'il avait parlé à un avocat en raison de la mort de sa femme. Il m'a également confié qu'il était passé chez le notaire pour léguer la garde de sa fille à son frère.»

«Peut-être savait-il des choses que nous ignorions, a soufflé M. Azzam. Une chose est sûre, elle ne méritait pas ça.»