Des graffitis qualifiant les policiers de Montréal de «flics assassins» ont fait leur apparition aux quatre coins de la ville depuis le début du mois. Faits sur des murs, des trottoirs et des poteaux, les graffitis énumèrent une quarantaine de personnes mortes lors d'opérations policières dans la métropole depuis plus de 20 ans.

On y voit le logo du SPVM trafiqué pour qu'un pistolet sorte d'une de ses cinq branches bleues. Chacune des 43 personnes mortes lors d'une opération policière a eu droit à un graffiti. On peut y lire entre autres les noms de Anthony Griffin, Quilem Registre, Richard Barnabé et Fredy Villanueva. Les graffitis sont signés d'une adresse internet «flics-assassins.net».

 

«Que ce soit par balle, poivre de Cayenne, chocs électriques, passages à tabac (ou dans un cas, écrasé par une voiture de police) le SPVM s'en est toujours sorti en parfaite impunité», peut-on lire sur ce site internet dans lequel des photos des graffitis ont commencé à apparaître il y a trois jours. Le site lui-même est en construction depuis début avril.

Le SPVM dit prendre le phénomène au sérieux. «C'est clairement du vandalisme. C'est aussi un message haineux envers les policiers, mais pas au sens du code criminel. Nos avocats ont le dossier en main», a expliqué à La Presse, l'inspecteur-chef Paul Chablo, du SPVM. La police n'a arrêté personne dans cette affaire pour l'instant, a-t-il précisé.

Le site internet a été conçu par «un groupe autonome et anonyme de Montréalais outrés par la brutalité policière et le climat d'impunité qui règne dans cette ville», peut-on y lire. Un groupe qui n'a aucun lien avec le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP), selon son ou ses auteurs. Ces derniers ont publié un «avis de non-responsabilité» spécifiant qu'ils n'encouragent pas l'activité criminelle.

Son ou ses auteurs n'ont visiblement pas confiance en l'enquête publique du coroner qui débutera en mai sur les causes et les circonstances du décès de Fredy Villanueva, mort lors d'une opération policière le 9 août dernier dans un parc de Montréal-Nord.

«Alors que les flics de Montréal et leur Fraternité (ainsi que les politiciens qui les soutiennent) s'efforcent de justifier leurs assassinats, de nier le profilage racial, de faire échouer des enquêtes publiques et d'encourager des mesures publiques qui n'ont pour effet que d'accroître le pouvoir de la police et de pérenniser l'impunité, nous nous portons solidaires de ceux et celles qui, avec courage et ténacité, confrontent la répression policière», peut-on lire sur le site.

L'inspecteur Richard Dupuis, du service du renseignement du SPVM, a révélé l'existence de ce site la semaine dernière lors de son témoignage au palais de justice de Montréal, dans le cadre d'une requête visant à empêcher la diffusion dans les médias d'images des deux policiers impliqués dans la mort de Fredy Villanueva. L'inspecteur Dupuis a fait un lien entre l'apparition des graffitis et le début de l'enquête publique du coroner.

Le groupe de pression «No one is illegal-Montréal» fait mention du site flics-assassins.net sur son propre site, non sans d'abord s'en dissocier. «Bien que nous ne soyons d'aucune façon impliqués dans la création de ce site, nous croyons qu'il est important d'en partager le contenu», écrit ce collectif militant.