Entre deux verdicts, le jury a choisi le moindre. En fin de matinée, hier, le groupe de dix hommes et deux femmes a déclaré James Gould, 23 ans, coupable d'homicide involontaire à l'endroit de Karina Esquivel Moya.

Âgée de 18 ans, Karina Esquivel a été tuée à coups de poing et de pied, le soir du 23 avril 2007, lors d'une soirée bien arrosée dans l'appartement que Gould occupait avec sa conjointe, Imane Akreis, à Dorval. La victime était une bonne amie de Mme Akreis, mais Gould ne l'avait jamais vue avant ce soir-là. Gould l'a battue à mort parce qu'elle s'est interposée dans une querelle qu'il a eue avec sa conjointe, à un certain moment de la soirée.

 

Au procès, Gould a admis avoir frappé Mme Esquivel. D'abord à coups de poing au visage, puis à coups de pied à la tête, une fois qu'elle était inerte au sol. Mais il n'avait pas l'intention de la tuer, a-t-il soutenu. La jeune femme a eu plusieurs os du visage brisés, et le crâne fracturé. L'empreinte d'un soulier était visible sur son visage, selon les expertises. Elle est morte sur place. Gould s'est enfui et n'a été rattrapé par la police que plusieurs jours plus tard.

Le jury avait commencé à délibérer lundi après-midi.

Hier, après le verdict, les proches de Mme Esquivel sont sortis en pleurs de la salle d'audience, et n'ont fait aucun commentaire aux médias. Ils espéraient que Gould soit déclaré coupable de meurtre non prémédité, seul autre verdict possible. Un verdict d'acquittement était impossible dans ce cas précis, même la défense en convenait.

Le procureur de la Couronne, Thierry Nadon, est apparu lui aussi fort déçu. Selon lui, la preuve démontrait qu'il y avait intention de tuer, ou à tout le moins une «intention de causer des lésions pouvant mener à la mort».

Les avocats de Gould soutenaient que l'accusé était trop intoxiqué pour savoir ce qu'il faisait. Cette défense d'intoxication a de toute évidence joué en faveur de l'accusé, croit Me Nadon. Le procureur de la Couronne avait pour sa part plaidé que l'intoxication de Gould n'était pas aussi grave qu'il le prétendait, car il avait été capable de faire des gestes tout à fait sensés avant, pendant et après le crime.

Me Clemente Monterosso, un des deux avocats de la défense, était évidemment satisfait du verdict. «Justice a été rendue», a-t-il dit.

Gould sera de retour devant le tribunal le 1er mai, pour les plaidoiries sur la peine qu'on lui imposera. Ce sera à la juge Sophie Bourque de trancher. En matière d'homicide involontaire, il n'y a pas de peine minimum ou maximum, tandis qu'un meurtre non prémédité entraîne automatiquement la prison à vie, avec un minimum de 10 ans de prison ferme. Malgré son jeune âge, Gould a déjà un casier judiciaire bien garni.