Deux fillettes de 8 et 9 ans, vraisemblablement tuées par leur mère. Un père recherché pour gangstérisme en cavale depuis deux mois, et une mère internée à l'institut Philippe-Pinel pour évaluation psychiatrique. C'est dans ce contexte d'une tristesse infinie que près de 500 personnes ont assisté hier matin aux funérailles de Sabrina et Amanda De Vito, trouvées mortes le 31 mars dans la maison familiale dans le quartier Duvernay, à Laval.

Le père et la mère, évidemment, étaient absents.Dans l'église Our Lady of Divine Love, pleine à craquer, on entendait sans relâche les sanglots des proches. Aux premiers rangs, les oncles, tantes et grands-parents semblaient atterrés. La majeure partie de l'assistance provenait de la communauté italienne.

«En 30 ou 40 ans de sacerdoce, c'est la première fois que j'assiste à des funérailles aussi tristes, a déclaré le curé, dans un sermon alternant entre l'italien et l'anglais. Mais nous n'avons pas perdu deux amis, nous avons gagné deux anges. Deux étoiles qui vont nous éclairer du paradis où elles se trouvent.»

Parmi les proches venus témoigner au micro de leur attachement aux fillettes, le directeur de leur école primaire, Serge-Édouard Jeanniton, a rappelé l'extraordinaire énergie et la joie de vivre de Sabrina et Amanda.

«Elles chantaient et dansaient tout le temps dans les couloirs. Un jour, elles étaient dans mon bureau et voulaient me remettre de l'argent pour l'école. Je leur ai demandé d'où il venait. Elles m'ont expliqué qu'elles avaient fait le tour des maisons de leur quartier, en costume de bain, pour proposer aux voisins de laver leur voiture. Elles étaient comme ça, toujours prêtes à aider les autres.»

Les proches de la famille se sont réunis dans un restaurant de l'est de Montréal juste après la cérémonie. Muets depuis le drame, trois d'entre eux ont accepté de parler brièvement des deux victimes, à condition de préserver leur anonymat.

Les traits tirés, les trois hommes ont parlé des fillettes pleines d'énergie. Des enfants sociables, gentilles avec tout le monde. «Elles aimaient leurs parents. Et leurs parents les aimaient», a dit l'un d'eux.

Sur le signet funéraire, quelques phrases en italien sont écrites. «Ne pleurez pas mon absence, sentez-moi encore près de vous. Ma mort a laissé une plaie profonde, mais je n'oublierai jamais le bien que vous avez fait.»

Sous l'oeil des policiers

La cérémonie d'hier s'est déroulée sous l'oeil attentif des policiers. Laval avait dépêché quatre véhicules pour contrôler la circulation, tandis que des agents en civil observaient l'assistance.

Le père des fillettes, Giuseppe De Vito, est considéré comme un jeune caïd proche du clan Rizzuto. Dans les documents rendus publics en marge de l'opération Colisée, De Vito est associé à une importation de 218 kg de cocaïne à la fin de janvier 2005. Il est recherché pour trafic de cocaïne, complot et gangstérisme dans le cadre de l'opération antimafia Colisée, menée en novembre 2006.

La mère des fillettes, Adèle Sorella, est toujours détenue à l'institut Philippe-Pinel.

Avec Catherine Handfield