Un Canadien, réfugié depuis un an à l'ambassade du Canada à Khartoum et soupçonné de liens avec Al-Qaeda, a déclaré n'avoir pu regagner son pays vendredi faute de passeport.

«Je suis toujours ici (dans l'ambassade)... Je suis déçu», a déclaré au téléphone à l'AFP le Canado-soudanais, Abousfian Abdelrazik, bloqué depuis 2003 dans son pays d'origine et vivant depuis un an dans le lobby de l'ambassade du Canada en attendant son éventuel rapatriement.Abousfian Abdelrazik était allé en 2003 voir sa mère au Soudan, mais y avait été arrêté et emprisonné sur la base d'informations fournies par les services de renseignement canadiens qui le soupçonnaient alors de liens avec Al-Qaeda.

Blanchi par les autorités, il est néanmoins bloqué au Soudan car son nom figure toujours sur la liste noire des personnes soupçonnées de terrorisme par l'ONU.

Le gouvernement canadien lui aurait promis le renouvellement de son passeport s'il avait en main un billet d'avion. Des sympathisants au Canada ont défié la loi et collecté des fonds pour lui payer ce billet en date du 3 avril.

Mais les autorités canadiennes ont refusé de lui délivrer un document de voyage.

Il est illégal au Canada de financer une personne soupçonnée de terrorisme ou de liens avec des membres d'une organisation qualifiée de terroriste. «Je me sens mal de savoir que des gens pourraient aller en prison à cause de moi, car je sais ce que c'est la prison, mais je suis à la fois heureux» parce que des gens «font valoir les droits de l'Homme», a-t-il souligné.

Le cas d'Abousfian Abdelrazik (43 ans) est suivi de près par les médias canadiens mais est invisible dans la presse soudanaise. Des photos de l'homme où il apparaît jeune et souriant circulent sur la toile, mais contrastent avec l'homme fragile rencontré en janvier à l'ambassade.