Mohamed Kohail n'est pas au bout de son calvaire. Condamné à la mort par décapitation, cet ancien Montréalais a vu sa sentence reconfirmée par la Cour générale de Djeddah, en Arabie Saoudite.

Son cas rebondit donc pour une deuxième fois devant le Conseil juridique suprême saoudien. En février, ce dernier avait appelé le tribunal de Djeddah à refaire ses devoirs.

 

Mais le tribunal persiste et signe: selon lui, le ressortissant canadien est responsable de la mort d'un garçon tué dans une bagarre de cour d'école, au printemps 2007. Et il mérite d'être décapité.

Ce nouveau rebondissement dans un feuilleton judiciaire qui se poursuit depuis plus de deux ans marque un recul pour Mohamed Kohail, selon Aubrey Harris, qui suit ce dossier pour la section canadienne d'Amnistie internationale.

Les tribunaux saoudiens jouent au ping-pong avec le cas du jeune homme de 24 ans qui a vécu à Montréal entre 2000 et 2006. Dans le système saoudien, lorsqu'une décision est infirmée par une cour d'appel, le tribunal de première instance doit rendre un nouveau jugement. La décision de la cour de Djeddah a déjà été rejetée deux fois par une première cour d'appel, avant d'aboutir devant le Conseil suprême.

Même si les recours juridiques ne sont pas tous épuisés, le temps presse pour Mohamed Kohail. Le Conseil suprême pourrait statuer sur son cas dans les semaines qui viennent, estime Aubrey Harris.

Le temps presse également pour le frère cadet de Mohamed, Sultan, lui aussi accusé de meurtre. Condamné à 200 coups de fouet à titre d'accusé mineur, il s'est finalement retrouvé devant un tribunal pour adultes qui doit rendre son verdict prochainement.

Mais en définitive, le sort des deux jeunes hommes repose entre les mains du chef de l'État saoudien, le roi Abdallah. Ce qui incite le député libéral Dan McTeague à réclamer une intervention immédiate du premier ministre Stephen Harper.

«Le Conseil suprême saoudien a statué que Mohamed Kohail avait agi en situation d'autodéfense. Ce n'est pas un meurtre. Le gouvernement fédéral a une occasion pour faire valoir son innocence. Stephen Harper se trouve à quelques pieds à peine du roi Abdallah!» clame ce député, qui fait allusion à la rencontre des pays membres du G20 à Londres.

«Nous sommes très déçus de la décision de la cour de maintenir la peine de mort dans l'affaire de Mohamed Kohail», a écrit hier le ministère canadien des Affaires étrangères, en soulignant que le tribunal de Djeddah n'avait pas encore rendu sa décision écrite.

 

L'histoire de Mohamed Kohail en dates

Janvier 2007

Mohamed Kohail et son frère Sultan sont arrêtés à la suite d'une bagarre dans une cour d'école saoudienne. Un étudiant syrien, Munzer Al-Hiraki, est tué dans cette bagarre

Mars 2008

La Cour générale de Djeddah condamne Mohamed Kohail à la peine de mort par décapitation.

Février 2009

Le Conseil juridique suprême demande au tribunal de Djeddah de revoir son verdict. Ce tribunal avait déjà dû refaire ses devoirs à la demande d'un tribunal d'appel inférieur. Chaque fois, il a maintenu sa position.

Avril 2009

La presse arabe affirme que la cour de Djeddah a réitéré son jugement.