Nick Paccione, délinquant dangereux et frère spirituel du tueur en série Angelo Colalillo, était de retour devant la justice, hier matin, à Montréal.

Le cas de l'homme de 41 ans, qui est incarcéré pour un temps indéfini en raison de sa dangerosité en matière de crimes sexuels, était examiné dans le cadre de son enquête préliminaire dans une affaire de menaces. Les faits allégués sont survenus à la prison de Rivière-des-Prairies le 11 juin 2007.

 

Une ordonnance de non-publication nous empêche toutefois d'en dévoiler la teneur, tout comme le contenu des témoignages que trois personnes ont livrés, hier, devant la juge Juanita Westmoreland-Traore. Il s'agissait de deux agents des services correctionnels, Marc Leclerc et Caroline Lavallée, ainsi que du chef d'unité Guy Lauzon, tous affectés au Centre de détention de Rivière-des-Prairies.

À la demande de Me Loris Cavaliere, avocat de Paccione, la suite de l'audience a été reportée à mai prochain. Au terme de l'enquête préliminaire, le procureur de la Couronne Louis Bouthillier a l'intention de déposer de nouvelles accusations contre l'accusé, au sujet du même événement.

Paccione est aussi accusé, dans un autre dossier, d'avoir conseillé Angelo Colalillo à commettre 11 assassinats. Ces projets ne se sont cependant jamais rendus à terme. Ce qui n'empêche pas que Colalillo est réputé être l'assassin d'au moins trois jeunes femmes, dont une adolescente de 12 ans, meurtres survenus au début des années 90. Il s'est suicidé en prison en janvier 2006, quelques jours avant le début de son procès pour ces meurtres ainsi que des tentatives de meurtre sur d'autres victimes.

En ce qui concerne Paccione, il a été déclaré délinquant dangereux en l'an 2000, après un parcours criminel axé essentiellement sur des agressions sexuelles violentes contre des femmes et de très jeunes filles. L'une d'elles n'avait que 10 ans. Les psychiatres qui s'étaient penchés sur son cas avaient d'ailleurs fait valoir qu'il s'agissait d'un des criminels les plus dangereux qu'ils avaient eu à évaluer dans leur carrière.

L'étiquette de délinquant dangereux signifie que le criminel écope d'une peine sans limite de temps. Cependant, après sept ans de prison, le dossier est réévalué tous les deux ans par la suite. Pour Me Louis Bouthillier, il est important que la Commission nationale des libérations conditionnelles connaisse tous les agissements de M. Paccione quand vient le temps de prendre une décision.

Trio diabolique

Rappelons enfin que Paccione avait connu Angelo Colalillo en prison. Partageant des déviances communes, ils étaient restés en contact par courrier après la libération de Colalillo, alors que Paccione était emprisonné à Port-Cartier. Au tournant des années 2000, ils s'écrivaient leurs fantasmes de sexe et de meurtre. Ceux de Colalillo parlaient parfois de crimes qui avaient réellement eu lieu, et qu'il avait commis lui-même.

Marlène Chalfoun, agente de liaison de la cour municipale de Montréal, qui fantasmait sur certaines perversions sexuelles, a également entretenu une correspondance soutenue avec Paccione, de 1998 à 2002. De fil en aiguille, Paccione l'a mise en contact avec Colalillo. Le «trio diabolique», comme l'ont surnommé les médias, a été mis au jour en 2002, après que les lettres compromettantes eurent été trouvées dans la cellule de Paccione. Mme Chalfoun a été accusée de complot pour agression sexuelle grave dans le cadre de sa correspondance avec les deux hommes, mais elle a été acquittée au terme de son procès, en 2003. Elle a toutefois perdu son emploi d'agente de liaison.