Depuis la mort violente de sa fille, il y a de cela 10 mois, Madeleine Lévesque a à peine eu la force de sortir de son domicile, situé dans la petite municipalité agricole de Rivière-Ouelle, dans le Bas-Saint-Laurent.

Les souvenirs douloureux de l'enlèvement et du meurtre de Nancy Michaud, survenus en mai 2008, sont toujours vifs.

Les procédures pour le procès de Francis Proulx, accusé du meurtre prémédité de Mme Michaud, attachée politique du ministre Claude Béchard et bénévole active dans sa communauté, débutent cette semaine, à Québec. La sélection des jurés commence mardi, et le procès, jeudi.

Mais Madeleine Lévesque a affirmé ne pas être prête émotionnellement à assister au procès. Elle a également dit avoir refusé d'y témoigner.

«Je n'ai pas témoigné le printemps dernier, non plus, et je ne le ferai pas, a-t-elle affirmé, d'une voix tremblante, lundi lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne. On me l'a demandé, mais je ne veux pas le faire et ne peux pas le faire.»

Nancy Michaud, 37 ans, et Proulx ont tous les deux grandi à Rivière-Ouelle, village de quelque 1200 résidants situé à environ 140 kilomètres au nord-est de Québec. Ils habitaient dans le même voisinage la nuit au cours de laquelle elle a disparu.

Selon la police, Mme Michaud a été enlevée à son domicile pendant que ses enfants, alors âgés de 18 mois et 6 ans, dormaient.

Quelques jours plus tard, la police a trouvé le corps de Nancy Michaud gisant dans le sous-sol d'une maison abandonnée, qui appartenait à un membre de la famille de Proulx. Deux adolescents avaient remarqué des traces de pneus sur le gazon de la propriété et avaient alerté les policiers.

Proulx, décrit comme un vaurien, est aussi accusé de nécrophilie et d'agression sexuelle.

Pour sa part, le maire de Rivière-Ouelle, Roger Richard, a affirmé lundi que plusieurs de ses concitoyens et lui-même allaient se rendre à Québec pour assister au procès, qui devrait durer au moins six semaines.

M. Richard a dit que le meurtre de Nancy Michaud a défrayé la conversation au sein des résidants de Rivière-Ouelle, et qu'ils en parlent toujours comme si cela s'était passé hier.

Mais Madeleine Lévesque a dit ne pas savoir comment le village se portait. «Je n'ai pas vu beaucoup de monde, je ne suis pas beaucoup sortie.»