Michael Fisher, un Ontarien qui a comparu hier au palais de justice de Montréal pour être accusé d'enlèvement d'enfant, souffrirait de psychose paranoïde. L'homme, qui a tenté d'enlever une fillette dimanche à Kirkland, avait été arrêté pour la même raison en 2005 à Victoriaville. Au terme du procès, il avait alors été acquitté en raison de troubles mentaux.

L'incident de dimanche s'est produit dans un Wal-Mart, en après-midi. Fisher, 35 ans, aurait agrippé une fillette de 6 ans par un bras et par les cheveux et aurait tenté de l'entraîner. Mais la mère, qui magasinait tout près, s'est retournée à ce moment et s'est mise à crier. Fisher a lâché l'enfant et a déguerpi. Mais il a été rattrapé par les services de sécurité.

 

Après avoir été brièvement évalué au palais de justice de Montréal, hier, il a été jugé apte à comparaître. L'exercice a duré moins d'une minute. La Couronne s'est opposée à sa mise en liberté, et il doit retourner devant le tribunal ce matin, pour son enquête sous cautionnement.

Il se pourrait toutefois qu'il soit envoyé en évaluation psychiatrique, a admis le procureur de la Couronne, Steve Larivière. L'adresse indiquée à l'acte d'accusation de Fisher est celle du Royal Ottawa Hospital. Le procureur n'a pas voulu dire si Fisher était en fugue de cet endroit. Christine Selin, porte-parole de l'hôpital en question, a aussi refusé de discuter de ce sujet. «Nous sommes tenus à la confidentialité», a-t-elle dit à La Presse.

Il entendait des voix

Les parents de l'autre fillette de 6 ans avaient eu peur eux aussi, il y a trois ans. Le 19 novembre 2005, Fisher avait pris l'autobus sans savoir où il allait, et avait abouti au Colisée Desjardins, à Victoriaville. À cet endroit, il avait agrippé une fillette de 6 ans par le bras pour l'amener, mais celle-ci s'était retenue à un poteau. Réalisant ce qui se passait, la mère avait crié, et Fisher s'était enfui. Deux hommes s'étaient lancés à ses trousses et l'avaient rattrapé.

Accusé d'enlèvement d'enfant, il avait été jugé apte à avoir un procès. Mais les expertises psychiatriques avaient par la suite démontré qu'au moment du crime, il était en proie à une psychose. Fisher entendait des voix et se croyait investi d'une mission. En mars 2006, la juge Guylaine Tremblay avait rendu à son égard un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux. Son état s'était amélioré avec la médication.

Fisher souffre de psychose paranoïde depuis l'âge de 24 ans. Il a quelques antécédents judiciaires au Québec et en Ontario, qui lui ont valu des peines mineures. À Québec, pour un méfait survenu en 1999, il a été condamné à cinq jours de prison. En Ontario, en 2004, il a été déclaré coupable de méfait et a eu une sentence suspendue. En 2007, il a été acquitté d'incendie criminel et de voie de fait en raison de troubles mentaux. En mai 2008, il a écopé d'un sursis de peine après avoir été déclaré coupable d'introduction par effraction.

Hier, lors de sa comparution, Fisher avait les cheveux coupés très courts et portait une moustache et une petite barbe. Vêtu d'un anorak de ski, il semblait calme.