Parents, amis, simples citoyens, ils étaient des centaines à converger à Pointe-aux-Trembles, hier, pour exprimer leur sympathie aux proches d'Anne-Sophie et Olivier Turcotte, ces enfants de 3 et 5 ans assassinés à Piedmont il y a une semaine.

Certains ont fait la file pendant plus d'une heure avant de pouvoir entrer au Complexe funéraire des Trembles, hier après-midi.

 

À l'intérieur, des dizaines de photos des deux jeunes victimes ornaient le salon, à côté de dessins, de jouets, de souliers miniatures. Les cercueils des enfants étaient couverts d'autocollants.

La mère recevait, stoïque, le réconfort des dizaines de personnes venues la soutenir. Une témoin rapporte qu'elle a embrassé sur les joues chaque visiteur venu la saluer. Elle était accompagnée de la grand-mère des enfants et de plusieurs membres de sa famille.

«J'ai 74 ans, j'en ai vu. Mais ça, c'est dur à endurer», a confié le grand-oncle des jeunes enfants, Yvan Gaston.

Les corps des défunts ont été découverts dans leur maison de Piedmont, le 21 février. Leur père, le cardiologue Guy Turcotte, a été trouvé lourdement intoxiqué sur les lieux du crime. Il a été arrêté et accusé de meurtre prémédité trois jours plus tard.

Une proche amie du couple, qui a préféré ne pas s'identifier, avait du mal à encaisser le choc de la tragédie. «C'est incompréhensible parce que Guy s'occupait super bien de ses enfants, a-t-elle confié, la voix nouée par l'émotion. Il n'y a rien à comprendre. Les gens, à un moment donné, peuvent faire des psychoses instantanées. On en apprendra peut-être plus à l'avenir.»

La mère des victimes, urgentologue au même hôpital que leur père, était dans la région de Charlevoix au moment du drame. Le couple était séparé depuis moins de deux mois.

Interrogée à savoir comment la mère se portait, son amie a répondu: «J'ai seulement pu la réconforter. Il n'y a rien à dire dans ces circonstances-là.»

»C'était l'avenir pour eux»

Dans l'avis de décès d'Olivier et d'Anne-Sophie, la mère a livré un vibrant message à ses enfants. «Je garde dans mon coeur l'intensité de vos personnalités et la douceur de vos câlins et bisous, a-t-elle écrit. Attendez-moi, au-delà de cette vie, car les gens qui s'aiment savent s'attendre.»

Elle a demandé aux gens de ne pas envoyer de fleurs mais de s'offrir plutôt du temps avec leurs proches, de soutenir une cause ou encore de payer un café à un sans-abri.

Ce message a tant ému Lise Toupin qu'elle est venue de Rawdon, à une heure de route, afin d'encourager les proches des victimes. Cette grand-mère - elle a quatre petits-enfants - espérait que sa présence pourrait aider la famille à surmonter cette rude épreuve. «Ils avaient tellement un bel avenir devant eux, avec des parents charmants qui avaient travaillé et étudié, je trouvais ça formidable, a-t-elle dit. C'était l'avenir pour eux, et maintenant c'est terminé. On ne peut rien y faire. J'espère que la maman va avoir beaucoup de courage.»

Gilles Boisclair, lui, était un patient du Dr Turcotte. Il s'est dit estomaqué que le cardiologue, qu'il tenait en haute estime, soit accusé du meurtre de ses propres enfants. Accompagné de sa femme, il tenait à témoigner sa sympathie à la mère. Mais la douleur de celle-ci le faisait frémir. «Ce n'est pas nous qui allons remplacer qui que ce soit dans sa vie», a-t-il reconnu.

Sur le site Facebook, un groupe créé à la mémoire d'Olivier et Anne-Sophie Turcotte le 27 février comptait plus de 1000 membres au moment de mettre sous presse hier soir. Plus de 160 personnes avaient affiché des messages sur le «mur» du site.

«Que ces 2 petits anges reposent en paix et que leur maman reçoive tout le courage du monde», a écrit Lison Plante, la créatrice du groupe.

Funérailles aujourd'hui

Les funérailles d'Olivier et Anne-Sophie Turcotte auront lieu aujourd'hui à 11h, au Complexe funéraire des Trembles. C'est l'abbé Raymond Gravel, ancien député du Bloc québécois, qui présidera la cérémonie.