Le père des deux bambins assassinés à Piedmont samedi, Guy Turcotte, a fait des déclarations incriminantes en présence des ambulanciers et du personnel des urgences de l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, selon des informations obtenues par La Presse.

La Presse a aussi appris que la mère était en état de choc après avoir identifié ses deux enfants à la morgue de Montréal, au point où elle a dû être hospitalisée.

Guy Turcotte, 36 ans, a été accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants, Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans, hier, au palais de justice de Saint-Jérôme.

Samedi, le cardiologue a été trouvé intoxiqué dans sa résidence de Piedmont, dans les Laurentides, en compagnie de ses deux enfants, poignardés à mort. Il a été admis au centre hospitalier de Saint-Jérôme après avoir tenté de se suicider en ingérant une forte dose de médicaments.

Le couple s'était séparé il y a environ un mois et demi, non sans avoir déjà suivi une thérapie, selon nos informations. M. Turcotte avait loué une maison à Piedmont. La mère, elle, s'était installée dans le village voisin, Prévost, près de l'école primaire Champ-Fleuri, que fréquentait son fils.

La veille du drame, vendredi, M. Turcotte a envoyé un courriel à son ex-conjointe, selon nos sources. Cette dernière était partie en ski dans la région de Charlevoix pour le week-end. Elle a lu le courriel seulement à son retour, après avoir été mise au courant du drame par des policiers.

La mère a insisté auprès des enquêteurs de la Sûreté du Québec pour voir ses deux enfants à la morgue, rue Parthenais à Montréal. Deux amis médecins l'ont accompagnée. C'est en voyant ses enfants sans vie qu'elle s'est effondrée. À l'hôpital où elle reçoit des soins, elle est isolée pour éviter qu'elle entende parler de l'affaire. Ses collègues à l'hôpital de Saint-Jérôme ont été informés, hier, qu'elle avait été hospitalisée.

Le week-end dernier, ce sont les parents de M. Turcotte qui ont alerté les policiers. Ils avaient rendez-vous pour déjeuner avec leur fils à Saint-Sauveur. Il ne s'est jamais présenté. À l'arrivée des policiers municipaux, ils ont trouvé les corps des deux enfants et leur père intoxiqué. Le père a été transporté en ambulance à l'urgence de l'hôpital de Saint-Jérôme, où le personnel médical lui a prodigué les premiers soins.

Devant plusieurs employés de l'hôpital, le patient s'est mis à donner des détails du drame qui venait de se produire. Des informations essentielles qui ont été confirmées par l'enquête policière. Sous le choc, des employés ont été remplacés par des collègues appelés à la rescousse. La direction de l'hôpital a alors déclenché un code d'alerte, rarement utilisé sinon lors de grandes catastrophes. Peu après, M. Turcotte a été transféré à l'hôpital Sacré-Coeur de Montréal.

Amoureux au temps de l'université

Guy Turcotte a terminé ses études en cardiologie en 2002 à l'Université Laval, à Québec. Il était déjà en couple avec la future mère de ses enfants, aussi étudiante en médecine. Il a travaillé un an à l'hôpital de l'Enfant-Jésus, à Québec, en attendant qu'elle termine sa résidence. Ils sont ensuite allés travailler à Saint-Jérôme, elle comme urgentologue, lui, comme cardiologue.

Leurs anciens confrères à l'Université Laval ont été atterrés par la nouvelle. Le chefdu service de cardiologie de l'hôpital de l'Université Laval, Jean-Rock Boudreault, a transmis un courriel à ses confrères dimanche. «Je viens d'apprendre avec stupéfaction que Guy Turcotte, un de nos anciens résidents, est impliqué dans le drame familial où deux jeunes enfants ont péri hier dans la région de Saint-Jérôme. Pour ceux qui l'ont bien connu, il est difficile d'imaginer qu'il ait pu poser un tel geste. Quoi qu'il en soit, je garderai pour ma part un excellent souvenir de lui», a-t-il écrit.

Quelques semaines avant le drame, Guy Turcotte avait écrit sur le site de réseautage social Facebook qu'il était en instance de séparation. Selon un collègue qui l'a croisé à un colloque sur la cardiologie tenu à Mont-Tremblant, début février, rien ne laissait croire qu'il vivait une période difficile.

Le cardiologue n'a pas eu à comparaître par vidéoconférence de sa chambre d'hôpital, hier. Il a été représenté en salle d'audience par son avocat, Me Yves Poupart, devant le juge Joseph Tarasofsky de la Cour du Québec à Saint-Jérôme. Me Claudia Carbonneau représentait la Couronne. Aucun plaidoyer n'a été enregistré, hier. L'accusé reviendra en cour le 30 avril pour la suite du processus judiciaire. Le dossier sera transféré devant la Cour supérieure, instance qui juge les causes de meurtre. S'il est reconnu coupable de meurtre prémédité, il devra purger 25 ans fermes de pénitencier avant d'être admissible à une libération conditionnelle. C'est l'accusation la plus grave du Code criminel