Considéré comme étant le numéro 2 du «gang de la 47e Rue», contrôlant le trafic de crack dans ce ghetto du secteur du boulevard Pie-IX, à Saint-Michel, Hervé Lamarre a obtenu une semi-liberté au sixième de sa peine. Des 39 mois de pénitencier qui lui ont été infligés le 5 septembre, il en aura donc passé seulement six derrière les barreaux, et sept dans une maison de transition où il sera contraint de faire du bénévolat. À moins d'une maladresse de sa part, il devrait être libre comme l'air dès l'automne.

Lamarre, 30 ans, n'a même pas eu à répondre à une convocation de la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC). Comme la loi le permet, la décision a été prise par un seul commissaire, après examen du dossier. Comme «il n'existe aucun motif de croire que Lamarre puisse commettre un délit violent», la CNLC affirme qu'elle n'avait pas le choix de le libérer aussi tôt.

 

Au procès, Lamarre a été décrit comme le bras droit de Josué Bernard, membre influent des Crips, un gang de rue d'allégeance bleu très impliqué dans la vente de crack. Lamarre se faisait appeler Don,p, en référence aux grandes organisations mafieuses. Il était responsable des «boss de rue» du gang de la 47e. Ceux-ci s'affairaient à leur tour auprès des petits revendeurs, dont plusieurs mineurs, qui se tenaient dans le parc Ovila-Légaré. Des agents doubles de la police de Montréal avaient réussi à faire affaires trois fois avec lui.

Lamarre avait accès aux caches de drogue de l'organisation, où les policiers ont retrouvé 452 roches de crack, ainsi que 255,5 grammes de marijuana. Il était aussi en possession d'une clé de l'appartement où étaient entreposés pas moins de 196 projectiles de différents calibres. Chez lui, la police avait trouvé trois douilles de revolver et une boîte de balles. Celle-ci était dissimulée dans un sac de couches pour bébé. Il y avait aussi un chandail portant la photo de Paseus Ridewood, un membre du groupe assassiné en 2005. Les Crips avaient répliqué en faisant une innocente victime au Bar Aria, rue Saint-Denis.

Même au fait de tous ces détails de l'enquête, la CNLC estime que Lamarre «n'a aucune propension à la violence». Selon le commissaire qui a rédigé le rapport, même si Lamarre ne prend toujours pas très au sérieux sa condamnation, «rien ne permet par ailleurs de croire qu'il existe des facteurs de stress suffisamment forts pour provoquer chez (lui) des comportements violents». Quant aux munitions en sa possession, «il n'existe aucune information (l')impliquant dans l'usage d'arme à feu à l'encontre d'autrui». D'autant, au dire de Lamarre, que les balles trouvées chez lui servaient de bibelots, note le commissaire.

C'est ainsi que, au début du mois prochain, Lamarre devrait se retrouver dans une maison de transition, où il sera affecté à des travaux communautaires, en vue de «créer chez (lui) de bonnes habitudes de travail et une remise en question sérieuse des conséquences de (son) mode de vie marginal et criminel».

Étant donné qu'il n'a pas sa citoyenneté canadienne, l'Agence des services frontaliers du Canada a été saisie du dossier. Lamarre, qui en est à sa première condamnation, pourrait par conséquent être renvoyé dans son pays natal, Haïti.